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Titre L'utilitarisme libertaire de William Godwin
Auteur Philippe Adair
Mir@bel Revue Revue Française de Science Politique
Numéro 42e année, n°6, 1992
Rubrique / Thématique
Articles
Page 1008-1022
Résumé William Godwin (1756-1836) occupe une position singulière dans la controverse britannique entre partisans et adversaires de la Révolution française. S'il adhère à l'idéal démocratique, il rejette le jacobinisme et disqualifie la violence auxquels il oppose la persuasion progressive de l'opinion publique. W. Godwin réfute la doctrine du contrat social et la codification des droits qui régissent les principes de la Première République. Adversaire déclaré de toute coercition politique, il défend une version minimaliste du rôle des institutions. Anticipant John Stuart Mill, il fonde la justice sur une interprétation altruiste de la doctrine utilitariste qui tente de rendre compatible l'individualisme méthodologique et l'exigence conjointe de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Il esquisse les contours d'une société juste qui, propriété et Etat étant abolis, repose sur l'autonomie et la libre coordination des individus, et dont la richesse réside dans le loisir. Cette utopie libertaire consacre W. Godwin comme l'un des fondateurs de la doctrine anarchiste. L'utilitarisme godwinien tend au perfectionnisme et n'échappe pas au constructivisme. Cette réflexion stimulante n'en ébauche pas moins une philosophie de la société civile qui est profondément actuelle.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais William Godwin's libertarian utilitarianism William Godwin (1756-1836) holds a singular position in the British controversy between the supporters and the opponents of the French Revolution. Though a believer in the démocratic ideal, he rejected Jacobinism and violence and advocated in their place the progressive persuasion of public opinion. Godwin refuted the contractarian doctrine and the codification of rights which inspired the First Republic's principles. A strong opponent of political coercion, he advocated a minimalist version of the role of institutions. Anticipating John Stuart Mill, he founded justice on an altruist interpretation of utilitarian doctrine meant to make compatible methodological individualism and the simultaneous demands for liberty, equality and fraternity. He sketched the outlines of a just society which, property and the State having been abolished, was based on the autonomy and free coordination of individuals whose wealth resided in leisure. This libertarian utopia established Godwin as one of the founders of anarchist doctrine. Godwinian utilitarianism tended toward perfectionism and was not exempt from constructivism. This stimulating reflection sketches a philosophy of civil society which is still strikingly relevant.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1992_num_42_6_404362