Titre | Histoires de formes : statistiques et sciences sociales avant 1940 | |
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Auteur | Alain Desrosières | |
Revue | Revue Française de Sociologie | |
Numéro | 1985, 26-2 La sociologie française dans l'entre-deux-guerres. Etudes et documents réunis par Philippe Besnard | |
Page | 277-310 | |
Résumé |
Alain Desrosières : Histoire de formes : statistiques et sciences sociales avant 1940.
La quantification des sciences sociales met en œuvre des formes statistiques relativement standardisées, connues et enseignées en France à partir de l'entre-deux-guerres, trente ans après leur mise au point par les statisticiens anglais. Les modes de raisonnement et d'interprétation du monde social associés à l'usage des statistiques ne peuvent être appréciés complètement que si ces formes sont replacées dans le contexte institutionnel et intellectuel où elles sont nées. En France, une tradition de statistique administrative, décrivant pour les besoins de l'Etat la population et la vie économique, est représentée par la Statistique générale de la France et ses recensements quinquennaux. Par ailleurs, une autre tradition, en partie distincte, se perpétue : la statistique morale, héritière de Quetelet, constitue une des sources de Durkheim. Elle est centrée sur les notions d'homme moyen, de type et de norme. En Angleterre, en revanche, les questions posées à partir de la problématique darwinienne par Galton et ses successeurs ont permis de créer un univers intellectuel d'un type nouveau, privilégiant les distributions par rapport aux moyennes, les corrélations et les causalités par rapport aux régularités. L'accueil et l'interprétation donnés en France à ces innovations, entre 1890 et 1940, résultent des particularités des divers espaces institutionnels et intellectuels où elles ont été connues. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Alain Desrosières : Histories of forms : statistics and the pre-1940 social sciences.
The quantification of the social sciences makes use of relatively standardised statistitical forms which have been known and taught in France since the period between the two World Wars, thirty years after their development by British statisticians. The modes of reasoning and interpreting the social world linked with the usage of statistics can be fully appreciated only by replacing these forms in the institutional and intellectual context from which they issued. In France, a tradition of administrative statistics, which describes the population and economic life for the needs of the State is represented by the SGF and its five-year censuses. Apart from that, a second, partly distinct tradition has established itself : moral statistics, the continuator of Quetelet, constitutes one of Durkheim's sources. It is axed on the notions of average man, of type and norm. In Great Britain, on the contrary, the questions formulated by Galton and his successors working from the Darwinian propositions have made possible the creation of a new-style intellectual universe, privileging distributions with respect to means, correlations and causalities with respect to regularities. The reception and interpretation given these innovations in France between 1890 and 1940 result from the specific characteristics of the different intellectual and institutional spaces where they came to be known. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1985_num_26_2_3951 |