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Titre Cibler l'âge avancé au nom du court terme : la flexibilisation du statut de fonctionnaire
Auteur Burgi Noëlle
Mir@bel Revue Mouvements
Numéro no 59, juillet-setembre 2009 La tyrannie de l'âge
Rubrique / Thématique
Polices de l'âge
Page 75-82
Résumé Parmi les outils censés aider les membres de l'Union européenne à maîtriser, sinon réduire leurs déficits publics, la baisse du nombre de fonctionnaires figure en très bonne place. Dans cette perspective, le Sénat français a récemment adopté un projet de loi organisant la flexibilisation du statut de fonctionnaire. Il s'agit non seulement de favoriser la mobilité choisie des agents de la fonction publique, mais encore de les forcer à « bouger » et si nécessaire de les licencier afin d'atteindre les objectifs politiques de suppressions (massives) d'emplois programmés dans le cadre de la RGPP (Révision générale des politiques publiques). La réduction du nombre de fonctionnaires devrait n'être qu'un objectif intermédiaire, c'est-à-dire un simple moyen en vue d'une fin plus noble – selon la rhétorique officielle, garantir aux usagers un meilleur service à un moindre coût. Cependant, en pratique, la suppression des emplois publics tend à se présenter comme un objectif autosuffisant, un objectif en soi et pour soi.On a de bonnes raisons de penser que les « seniors », premiers visés par les suppressions d'effectifs dans la fonction publique, risquent d'être poussés voire contraints au départ sans considération pour leur valeur, leur utilité ou leur devenir professionnels et personnels. C'est en tout cas le constat que l'on peut faire à partir des premiers résultats d'une enquête qualitative1 menée à FT (France Télécom), ex-entreprise publique qui semble bien avoir servi de laboratoire pour la politique de mobilité du gouvernement. Maintenant privatisé, FT (70 % de fonctionnaires actuellement employés en France) a massivement supprimé des emplois tous statuts confondus au cours des vingt dernières années sans recourir à un plan social. Il ressort de cette expérience que l'objectif prioritaire : « faire bouger » les « vieux », salariés ou fonctionnaires, n'a de sens que par rapport à une vision court-termiste du profit et, par extension, à une approche réductrice des déficits publics qui n'ont rien de « rationnel » au regard des intérêts à plus long terme des firmes et plus encore des sociétés démocratiques.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MOUV_059_0075