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Titre Vers un moindre poids de l'Etat ? Une évaluation chiffrée des projets de l'opposition
Auteur Sanvi Avouyi-Dovi, Alain Gubian, Henri Sterdyniak
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 14, 1986
Page 5-58
Mots-clés (matière)choix économique droite libéralisme politique économique programme politique vie politique
Mots-clés (géographie)France
Résumé Cet article examine les programmes économiques de l'actuelle opposition et en évalue l'impact macroéconomique. Ces projets mettent tous en avant une réduction sensible des prélèvements obligatoires, priorité étant accordée à la réduction des charges des entreprises (taxe professionnelle et cotisations sociales des employeurs). Les allégements fiscaux au profit des ménages, limités, pourraient comporter la suppression de l'impôt sur les grandes fortunes, la diminution des taux marginaux élevés de l'impôt sur le revenu et des mesures pour favoriser l'épargne à risque. En contrepartie les dépenses publiques seraient réduites afin de diminuer le déficit ou tout au moins de le stabiliser. Les banques, les assurances et le secteur industriel concurrentiel seraient dénationalisés. La réglementation de l'emploi serait assouplie, les prix entièrement libérés et le contrôle des changes levé. Cependant des réductions sensibles sur le budget de l'Etat, déjà fortement comprimé, seront difficiles à mettre en œuvre et les prestations sociales poursuivront leur croissance que seule une délicate remise en cause de l'actuel système de protection pourrait enrayer. L'alourdissement de la dette publique semble inévitable ; elle resterait néanmoins supportable. L'analyse macroéconomique des diverses mesures d'allégements fiscaux envisagées montre que la plus efficace pour améliorer l'emploi sans trop nuire au solde extérieur serait la baisse des cotisations sociales des employeurs. En sens inverse, c'est la hausse de la taxe intérieure sur les produits pétroliers qui permettrait d'améliorer le solde extérieur sans trop nuire à l'emploi. Pour ne pas trop perturber les marchés financiers, les dénationalisations ne devraient être que progressives, ce qui risque de paralyser des entreprises laissées dans l'incertitude. Les fonds récoltés qui ne peuvent être assimilés des recettes courantes ne devraient servir alléger la dette publique. Il est difficile de qualifier actuellement orientation de la politique budgétaire que opposition mettra en oeuvre si elle devient majoritaire en mars 1986. Aussi trois scénarios sont-ils analysés. Une politique axée sur une forte réduction du déficit public aurait un impact nettement restrictif et le chômage serait fortement accru. Cette politique ne réussirait guère diminuer la croissance de la dette publique Elle améliorerait certes le solde extérieur mais la situation présente de endettement de la France ne la rend pas nécessaire Un financement partiel des allégements impôt par argent des dénationalisations aurait un fort effet expansionniste qui est concevable avec un environnement international très favorable. Une réduction équilibrée des recettes et des dépenses des administrations opérerait principalement un transfert de dépenses publiques sur des dépenses privées. Si on ajoutait la libération des prix et celle des licenciements, on accroîtrait les transferts au profit des entreprises que la rigueur de la politique salariale favorise déjà. Les impacts favorables une telle politi que ne se feraient sentir moyen terme court terme effet serait récessif et l'emploi diminuerait. Les conséquences macroéconomiques mesurées ici ne prennent pas en compte d'éventuelles modifications des comportements économiques que le «pari libéral» escompte une nouvelle politique. Mais il est raisonnable de penser que les effets de celles-ci seraient au mieux marginaux. Fonder sur eux les résultats attendus de la politique économique serait dangereux
Résumé anglais This article surveys the économie platforms of the présent opposition parties and tries to estimate their macroeconomic impact. Thèse platforms put forward a tangible cutting down of the total tax revenue as percentage of GDP focussing on corporate taxes. At the same time, public expenditures would be eut in order to diminish the public déficit, or, at least, to stabilize it. Banks, insurance companies and industrial firms would be denationalized. Employment régulations would be revised, price and exchange controls entirely lifted. Nevertheless it will be difficult to further reduce public expenditures as they hâve already been much restrained. Social allowances will go on rising, in the absence of a painful reform of the présent social security System. The macroeconomic analysis of various tax cuts shows that the best measure to increase employment without excessively deteriorating the balance of pay-ments would be a réduction of the employers social contributions. In the opposite direction, increasing petrol tax would be the best way to improve the current account. It is difficult today to predict precisely the fiscal policy the opposition will implement if it becomes the majority in march 1986. So, three scénarios will be analysed. A policy focussing on public déficit réduction would induce a pronounced dépression, unemployment would rise higher. Financing cuts by the funds obtained through denationalization would boost économie activity, which is not sustainable without a really propitious international situation. Instead, thèse funds ought to be used to reduce the public debt. A balanced eut in public expenditures and taxes would essentially trans-fer spending from the public to the private sector. if the government lifted administrative controls on priées and lay-offs, it would increase the corporate sector profits which are already rising because of the stringency of wages policy. In the short run, the conséquences would be unfavorable to output and unemployment would increase. The macroeconomic conséquences estimated hère ignore possible modifications of économie behaviour induced by a new policy. However the « libéral bet » is based upon such modifications. But it seems to us that thèse will hâve, at best, marginal conséquences. Thus, to expect important results from such policy-induced behaviour of changes would be risky.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1986_num_14_1_1045