Contenu de l'article

Titre Le drôle de choc
Auteur Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Olivier Passet, Véronique Riches, Christine Rifflart, Françoise Milewski, Pascal Garaude, Claude Bourry
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 33, 1990
Rubrique / Thématique
Chronique de conjoncture
Page 5-55
Mots-clés (géographie)Allemagne Japon Pays industrialisés
Mots-clés (matière)consommation croissance économique cycle économique inflation pétrole prévision situation économique
Mots-clés (organismes)Organisation de coopération et de développement économique - O.C.D.E.
Résumé A la fin du mois de juillet les économies industrialisées étaient, dans leur ensemble, déjà en voie de ralentissement. Au Japon et en RFA, celui-ci n'était cependant attendu que pour le début de 1991 lorsque se seraient estompés les stimulants exceptionnels de demande intérieure. Dans la plupart des pays européens, à des degrés divers, le rythme de l'activité s'infléchissait déjà tandis que celui de la hausse des prix s'accélérait. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis étaient en fin de cycle ; le premier était au bord d'une récession inflationniste, les seconds d'un « soft-landing ». Le déséquilibre entre les balances courantes des trois grandes puissances mondiales continuait à s'atténuer. La situation des pays non OCDE était plus sombre. Parmi les PVD, seuls quelques pays d'Extrême-Orient avaient de bonnes perspectives de croissance. Dans les pays d'Europe de l'Est, la mise en place des réformes et la désorganisation générale occasionnaient de véritables dépressions. La crise du Golfe n'équivaut encore qu'à un petit choc pétrolier. L'analyse développée ici suppose que vers le milieu de l'année 1991 la diplomatie, s'appuyant sur l'embargo, rendrait vraisemblable dans un avenir proche l'évacuation du Koweït par l'Irak et le retour sur le marché mondial du pétrole habituellement exporté par ces deux pays. En conséquence, après avoir oscillé au voisinage de 35 dollars/baril au dernier trimestre 1990 et au premier trimestre 1991, le prix du pétrole retomberait jusqu'à moins de 20 dollars fin 1991. Pour les pays de l'OCDE, les prix à la consommation en seraient dès à présent accrus de + 0,5 à + 1 %, la croissance de 1991 se trouvant amputée d'un montant équivalent. Les PNB européens s'élèveraient alors en moyenne de 2 % en 1991, à mi-chemin entre le Japon et les Etats-Unis. Ce dernier pays verrait son activité diminuer au seul premier semestre, l'ensemble de l'année dégageant une variation légèrement positive. Pour les autres pays, à l'exception des exportateurs nets de pétrole (dont l'URSS), les conséquences seraient plus graves : PVD et Europe de l'Est, déjà soumis à une forte contrainte de balance des paiements, seraient contraints de réduire de manière draconienne leurs importations de tous produits. En France, un ralentissement de l'activité très marqué au premier semestre 1990 et la crise du Golfe devraient freiner la croissance d'un demi point l'an prochain. Le PIB progresserait de près de 3 % en 1990 mais de 2 % seulement en 1991. L'investissement des entreprises sera contraint par de moins bonnes perspectives d'activité, une dégradation déjà effective de la situation financière (en particulier du taux d'autofinancement) et une détérioration du climat des affaires. Le revenu des ménages se ralentira en raison d'une stagnation des effectifs et d'une modération salariale dans le secteur privé ; le freinage de la consommation sera cependant atténué par une moindre épargne. L'inflation se ralentira dès que le prix du pétrole fléchira, au début de 1991 et le déficit des paiements courants restera inférieur à 1 % du PIB malgré le creusement du solde commercial. La politique économique, peu restrictive, ne freinera pas davantage la croissance.
Résumé anglais At the end of July, most industrialised countries were already on the path of a downturn. Japan and Germany were exceptions in that respect : a slowdown was only anticipated at the beginning of 1991, when the exceptional stimulus to their internal demands would have faded. In many european countries, with different magnitudes, the rate of growth of Gnp was slowing down while that of prices was accelerating. The United Kingdom and the United States had reached the end of the cycle. The former was on the verge of an inflationist recession, the latter were heading towards a soft-landing. Imbalances between the current accounts of three great economies were slowly shrinking. The situation was worse among non OECD countries. Only a handful of far-eastern countries had good prospects for growth. In eastern european economies, the implementation of reforms and the global disorganisation were leading to depressions. So far, the Gulf crisis only means a small oil shock. The present analysis assumes that by mid-1991 diplomacy backed by the embargo would enable oil usually exported by Kuwait and Irak to find its way back on world markets. Therefore, the price of oil would fluctuate around 35 dollars/bl during the last quarter of 1990 and the first quarter of 1991, and then decline to less than 20 dollars at the end of 1991. In OECD countries, consumer prices would immediately be increased by 0,5 to 1,0%, whereas economic growth would be diminished in 1991 by the same amount. Gnp would grow by an average 2 % in Europe, half way between Japan and the United States. American production would only decline during the first semester, the year 1991 as a whole showing a small increase. For other countries, except those which are net oil exporters (among which the USSR), consequences would be far more dramatic. L.D.Cs and eastern european countries, already plagued by balance of payments difficulties, would have to cut down their imports of all products. In France, the abrupt slowdown of the first half of 1990 and the Gulf crisis will lower next year's growth by 0.5 %. Gnp will only increase by 2 % in 1991 after 3 % in 1990. Business investment wil be hampered by the worsening conditions in sales, the financial situation and the general economic climate. Households income will decelerate owing to wage moderation in the private sector and the stagnation of employment. But the savings rate will decline, enabling private consumption decelerate at a more moderate pace. Inflation will slow as soon as the oil price gees down again in 1991. Despite the widening of the trade deficit, the current account deficit will remain below 1 % of the Gnp. Economic policy will remain moderately restrictive, and will therefore not emphasize the slowdown of activity.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1990_num_33_1_1674