Titre | Croquis Un "apartheid intime" Dimensions ethniques de l'habitus chez les toxicomanes sans-abri de San Francisco | |
---|---|---|
Auteur | Philippe Bourgois et Jeff Shonberg | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 160, décembre 2005 Figures du ghetto | |
Rubrique / Thématique | Figures du ghetto |
|
Page | 32 | |
Résumé |
Les observations participantes menées pendant une dizaine d'années en Californie dans un groupe multi-ethnique de sans-abri consommateurs d'héroïne et de crack, révèlent une hiérarchisation des relations interpersonnelles entre Afro-Américains, blancs et latinos, alors même qu'ils partagent une même dépendance physique à l'héroïne et vivent dans une misère sordide dans les mêmes campements. Nous concentrant sur les tensions entre Afro-Américains et blancs, nous avons été amenés à examiner les dimensions ethniques de l'habitus pour comprendre comment des divisions basées sur la couleur de la peau sont renforcées par des interactions quotidiennes et produisent un « apartheid intime » dans un contexte de proximité physique et de dénuement partagé. Pour explorer ce phénomène nous nous sommes limités à deux composantes ethniques de l'habitus. L'une se réfère aux techniques du corps, en l'occurrence le choix du mode d'injection de l'héroïne soit en intraveineuse soit en intramusculaire ou en sous-cutanée. La seconde composante, plus directement reliée aux contraintes extérieures de pouvoir, se rapporte aux différentes stratégies pour se procurer de l'argent. Ces deux composantes s'insèrent dans une constellation plus large de distinctions ethniques enracinées dans des forces politiques, économiques et idéologiques ancrées dans l'histoire. Comprendre la genèse des dimensions ethniques de l'habitus permet de reconnaître combien les relations de pouvoir au niveau global produisent des désirs et des comportements personnels qui s'inscrivent dans les corps des individus et les pratiques quotidiennes. Ces distinctions sont pour la plupart interprétées, par un grand nombre de personnes aux États-Unis, comme des caractéristiques naturelles, à la fois génétiques et culturelles, justifiant ainsi une hiérarchie morale racialisée. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
Ten years of participant-observation fieldwork and photography among a multi-ethnic social network of homeless heroin injectors and crack smokers in California reveal hierarchical interpersonal relations between African Americans, whites and Latinos despite the fact that they all share a physical addiction to heroin and live in abject poverty in the same encampments. Focusing on tensions between blacks and whites, we develop the concept of “ethnicized habitus” to understand how divisions drawn on the basis of skin color are enforced through everyday interaction to produce “intimate apartheid” in the context of physical proximity and shared destitution. Specifically, we examine how two components of ethnic habitus are generated. One is a simple technique of the body, a preference for intravenous versus intramuscular or subcutaneous heroin injection. The second relates to income generation strategies and is more obviously related to external power constraints. Both these components fit into a larger constellation of ethnic distinctions rooted in historically-entrenched political, economic and ideological forces. An understanding of the generative forces of the ethnic dimensions of habitus allows us to recognize how macro power relations produce intimate desires and ways of being to become inscribed on individual bodies and routinized in behavior. These distinctions are for the most part interpreted as natural attributes of genetics and culture by many people in the United States, justifying a racialized moral hierarchy. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_160_0032 |