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Titre Castes et inégalités sociales dans l'Inde contemporaine - Un impensé des sciences sociales
Auteur Satish Deshpande
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 160, décembre 2005 Figures du ghetto
Rubrique / Thématique
Figures du ghetto
Page 98
Résumé Depuis plus de cinquante ans, les études sur le système des castes se caractérisent par une approche de type anthropologique, c'est-à-dire qualitative et monographique, privilégiant la dimension religieuse et rituelle de cette forme sociale. La question des inégalités économiques et sociales selon la caste, en revanche, est un sujet plutôt sous-représenté dans la sociologie de l'Inde. La raison souvent invoquée tient à l'indigence des données chiffrées disponibles. Les recensements décennaux qui ne prennent plus en compte le critère de la caste, ne livrent en effet que des informations sur les grands groupes sociaux légalement reconnus par la constitution ; mais ces données restent très insuffisantes pour mener une analyse sociologique fine. Cependant, ces questions font l'objet au quotidien d'âpres débats politiques et sociaux dans lesquels les sociologues indiens ne manquent pas d'intervenir, sans que l'on distingue toujours clairement si leurs prises de position relèvent de la science sociale ou de l'engagement politique. Les interrogations portent en particulier sur l'évolution des basses castes qui bénéficient de politiques de discrimination positive mises en place dès l'époque coloniale, mais qui ont été pleinement développées depuis l'indépendance de l'Inde. Ces basses castes ont-elles bénéficié en masse de ces politiques ? Faut-il poursuivre ces politiques au risque, soutiennent certains sociologues et hommes politiques, d'introduire une réelle discrimination au détriment des autres groupes ? Mobilisant des données chiffrées originales aujourd'hui disponibles à la faveur de changements méthodologiques introduits dans certaines grandes enquêtes nationales, l'auteur montre que la distribution des inégalités selon la caste ou la classe se maintient fortement en Inde, dans le secteur public autant que dans le secteur privé. Ce constat amène à reconsidérer l'impensé disciplinaire de la sociologie indienne qui semble délaisser l'étude quantitative des transformations économiques et sociales de l'Inde contemporaine.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais For more than fifty years, studies of the caste system have tended to adopt an anthropological, mostly qualitative and monographic approach that privileges the religious and ritualized dimension of this particular social institution. The question of the caste-related social and economic inequalities, on the other hand, has remained a relatively overlooked topic in the sociology of India. The reason often alleged for this situation is the scarcity of available statistical data. To the extent that they no longer take into account the caste as a criteria, the ten-year censuses yield some information only on the large social groups legally recognized in the constitution. But this data remains insufficient for a fine-tuned sociological analysis. These questions are however debated on a daily basis, and Indian sociologists do not refrain from intervening in these fierce social and political debates –even though it is not always clear if they do so on the basis of social science or political commitment. Questions are raised in particular regarding the evolution of the lower castes, which benefit from affirmative action policies implemented since the colonial era but fully developed since the country's independence. Did these castes fully benefit from these policies? Should such policies be continued, even though some sociologists and politicians warn that they might introduce a real discrimination against other groups? Using first hand statistical data that has been made available by recent methodological changes in some nationwide censuses, the author shows that the social distribution of class- or castrelated inequalities remains remarkably stable in India, whether in the public or in the private sector. This finding raises some questions as to the unarticulated prejudices of Indian sociology as a discipline, which ignores the quantitative study of the economic and social transformations of contemporary India.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_160_0098