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Titre La politique morale ou bien gouverner à l'islamique
Auteur Gudrun Krämer
Mir@bel Revue 20 & 21. Revue d'histoire
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 82, avril-juin 2004 Islam et politique en méditerranée au 20è siècle
Rubrique / Thématique
Islam et politique en méditerranée au 20è siècle
Page 131
Résumé Penseurs islamiques et islamistes élaborent aujourd'hui un discours plus moral que politique sur l'ordre islamique idéal. En distinguant avec force les droits de Dieu, intangibles et irrévocables, des droits de l'homme, flexibles et modulables, ils opèrent bien la distinction entre sacré et profane. En s'éloignant de l'idéal du califat et en faisant leurs, à travers la notion de shura (consultation), les normes et les mécanismes de la démocratie représentative, ils s'ouvrent à l'espace de la pensée politique contemporaine. Mais en assimilant les gestes du politique (l'acte de voter, la responsabilité de l'intérêt général dévolue au croyant-citoyen) à des obligations religieuses, ils gardent encore un pied dans une « théodémocratie » idéale, soustraite aux conflits entre intérêts opposés. Ils n'ont pas encore achevé le passage au politique comme mode de régulation des passions humaines et des oppositions entre groupes sociaux. Reconnaître l'inachèvement de la gestion de la cité sur ce mode serait détruire leur projet de reconstruire une communauté idéale unifiée par l'adhésion aux normes prescrites et négociées par la shari'a.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The discourse of Islamic and Islamacist thinkers is more moral than political concerning the ideal Islamic order. Distinguishing forcefully the rights of God, intangible and irrevocable, from human rights, flexible and modifiable, they make the clear distinction between sacred and profane. Moving away from the khalifat ideal and adopting, through the notion of shura (consultation), the norms and mechanisms of representative democracy, they open themselves up to contemporary political thinking. But by mixing political moves (voting, responsibility for the general interest that falls on the believing citizen) with religious obligations, they keep a foot in the door of an ideal « theodemocracy », removed from the conflicts between opposing interests. They haven't yet managed the passage to politics as a means of regulation of human passions and oppositions among social groups. Recognition of the fact that the management of the population has not been accomplished in this way would destroy their plan to reconstruct an ideal community united by accepting the norms that are prescribed and negotiated by the shari'a.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_082_0131