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Titre Du ghetto au voyage clandestin : la métaphore héroïque
Auteur Eliane de Latour
Mir@bel Revue Autrepart
Numéro no 19, 2001 Variations
Rubrique / Thématique
Variations
Page 155
Résumé L'analyse des relations sociales réimaginées dans les ghettos en Côte-d'Ivoire recouvre deux aspects : l'un concerne la composition de familles métaphoriques qui a fait l'objet d'un article « Métaphores familiales dans les ghettos de Côte-d'Ivoire » (Autrepart, 18, 2001), l'autre la construction d'une identité individuelle à travers le modèle du guerrier, qui va être analysé ici.Les ghettomen, qui cherchent à sortir de « l'anonymat des pauvres » (le pape), se disent « guerriers », ceux qui prennent leur destin en main, servent leurs désirs immédiats par la force, ne reculent jamais, trouvent dans le combat le sens même de la singularisation : « toucher le cerveau des hommes » en attachant au nom toutes sortes de légendes et de hauts faits auxquels les autres font écho. Peu importe que cela soit vrai, ce qui est dit existe. La renommée est une manière de dépasser la mort. Cette identification toujours en excès puise à de nombreuses sources : passé belliqueux africain, modèles du self made man plein de sa réussite, héros solitaires du western, maffieux des films d'action... Au ghetto, conçu comme une avantscène du monde de la puissance et de la vitesse, se développe une utopie qui aimante les rêves de reconnaissance personnelle et qui fait de la mort un enjeu réel. Lorsque contraintes, blessures, prison, prennent le pas sur le reste, il faut aller plus loin, vers les rivages mythifiés du nord, ou bien réintégrer la société avec un peu plus qu'avant, un peu plus d'expérience ou d'avantages matériels pour affronter la vraie vie.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais From the ghetto to the clandestine journey: a heroic metaphor
The analysis of the re-imagining of social relationships in the ghettos of Côte d'Ivoire covers two aspects: first, a review of the composition of metaphoric families, published in a previous article « Social metaphors in the ghettos of Côte d'Ivoire » (Autrepart, 18, 2001), and a second the construction of an individual identity based on the « warrior » model, which is the subject of this article. The « ghettomen », who try to leave « the anonymity of the poor » (to use the Pope's expression), see themselves as « warriors », meaning those who take fate in their hands, who use force to satisfy their immediate desires, who never retreat, who find a meaning for their individuality in combat : « touch the minds of men » by attaching to the name an array of legends and high deeds which others echo. Whether these are true or not does not matter. What is said exists. Fame is a way to go beyond death. This identification, always excessive, draws on a number of sources : the war-scarred past in Africa, the « self-made man » glowing with success, the lonely hero of the Wild West, the Mafia gangster of action movies... In the ghetto, conceived as the apron of a world of power and high speed, develops an utopia which magnetizes the dreams of personal recognition and makes of death a real stake. When constraints, wounds, and prison start to encroach upon the rest, one has to go further, toward the mythical shores of « the North » or return to the real world, with a little more than before, a little more experience or material advantages to confront real life.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AUTR_019_0155