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Titre Chine : de la transition socialiste à la transition capitaliste ?
Auteur Wojtek Zafanolli
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro Vol. 16, 4, 1985
Rubrique / Thématique
Articles
Page 5-46
Résumé A l'heure où l'on s'interroge à nouveau sur la « voie » chinoise, l'article est une tentative de synthèse de l'évolution économique de la Chine depuis 1978. S'appuyant sur un bilan statistique sommaire, il met peu à peu en place les différents éléments de la dialectique qui oppose le système bureaucratique et stalinien institué dans les années 1950 et la réforme entreprise depuis 1978 sous les auspices de Den Xiaoping. Après beaucoup de tâtonnements, cette dernière s'est concrétisée dans l'ambitieux projet adopté au plenum d'octobre 1984. S'il est appliqué, ce projet entraînerait la dénationalisation de fait de pans entiers de l'économie chinoise, qui cesserait d'être une économie de commande et se transformerait en une économie semi-libérale. Partant, tout le problème est de déterminer pourquoi la logique de la réforme s'est finalement imposée à une direction politique qui, au début, envisageait seulement de lui abandonner des activités périphériques incontrôlables par le plan et de s'en servir comme appoint à celle d'un système assaini au moyen du « réajustement ». Loin d'être complémentaires, ces deux logiques se sont en fait très vite avérées incompatibles, et, en amplifiant les défauts structurels auxquels elle était censée porter remède, leur combinaison a été un facteur supplémentaire de la désorganisation économique. Ce résultat, inattendu, s'est traduit dans un premier temps par un gel de la réforme. Ce gel aurait pu lui être fatal, ou bien, il aurait pu être un premier pas vers sa dégradation progressive. Mais la campagne contre « la pollution spirituelle », à la fin 1983, a tout remis en question. Orchestrée par les conservateurs, cette campagne a persuadé les pragmatistes au Bureau politique de la précarité de la démaoïsation et de sa partie la plus intangible ? parce que vitale ?, la décollectivation des campagnes. Pour faire face à la menace, ils se livrèrent alors à une véritable escalade réformiste, qui devait culminer dans la « résolution » prise au 3e plenum du 12e congrès. Celle-ci prévoit un rétrécissement du plan impératif aux « sources » de la production industrielle et à leurs abords immédiats (l'industrie lourde) et l'abandon de tout le reste au marché. Simultanément, toute une catégorie d'entreprises devra être contractualisée ? et peut-être même vendue ? à des particuliers. Dans la dernière partie sont évaluées les chances de cette nouvelle répartition plan/marché de parvenir à supplanter le système et à s'articuler efficacement sur le noyau dur qui en serait conservé. Puisque c'est du système que, dans un contexte politique inchangé, dépendra la mise en œuvre effective de la réforme, celle-ci devra compter sur les aléas de la bureaucratie, et peut-être apprendre à composer avec elle.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais China : From Socialist Transition to Capitalist Transition ? At a time when China's orientation is once again in question, this article attempts to synthesize China's economic evolution since 1978. Drawing up a rough statistical balance sheet as a starting point, the article puts into perspective the various elements of the dialectic which has confronted the reform undertaken by Deng Xiaoping since 1978, with the bureaucratic and Stalinist system set up in the 1950s. After much vacillation the former materialized in the ambitious project adopted during the October 1984 Plenum. If applied, this would bring about the effective denationalization of whole sectors of the Chinese economy, which would then cease to be a « command » economy and become a semi-liberal one. The problem is to determine how the rationale behind the reform succeeded in imposing itself on a political leadership which at first only intended to relinquish to it those peripheral activities impossible to control within the Plan, and to use it as a back-up for the rationale behind a system revitalized by the « readjustment ». For it soon became evident that, far from being complementary, these two rationales were quite incompatible, and by amplifying the structural faults they were intended to remedy, they only aggravated the economic disorder. This unexpected result first led to a halt in the reform which might have been fatal to it, or at least have proven to be the first step in its gradual decline. But the campaign against « Spiritual Pollution » at the end of 1983 was to challenge this. This campaign, launched by the conservative elements, made the pragmatists of the Politbureau realize the precarious nature of de-maoization, particularly in its most sacrosanct (because vital) aspect : the decollectivization of the countryside. In order to face up to this threat they accelerated the pace of the reform, culminating in the « resolution » passed during the third Plenum of the 12th Party Congress. This limited the scope of the mandatory Plan to the source of industrial production and its immediate peripheries (heavy industry), and relinquished the remainder to the market. At the same time, a whole category of enterprises was to be yielded by contract to private interests, or even sold to them. The final part of the article evaluates the chances this new repartition between Plan and market has of superseding the system and of linking up efficiently to the hard core which would remain of it. Since, in an unchanged political context, the putting into effect of the reform depends on the system itself, the reform must take into account the vagaries of the bureaucracy and even, perhaps, learn to come to terms with it.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1985_num_16_4_2579