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Titre Pourquoi les réformes économiques échouent-elles dans les systèmes de type soviétique ?
Auteur Jan Winiecki
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro Vol. 18, 3, 1987
Page 47-72
Résumé Dans cet article, on cherche à répondre à une question qui intrigue tout le monde : pourquoi les réformes orientées vers le marché échouent-elles dans le système soviétique malgré l'intérêt évident manifesté par les divers groupes dirigeants pour l'amélioration d'économies en détresse ? L'auteur se replace dans le cadre de la « nouvelle histoire économique » qui met l'accent sur la répartition des richesses en tant que variable fondamentale. Dans la première partie, l'auteur explique comment la répartition de la richesse détermine les comportements de la couche dirigeante qui se compose d'apparatchiks du parti, de bureaucrates (ceux notamment de l'économie), de membres de la police et de l'armée. Tous bénéficient du maintien du système politique parce que la part des richesses qu'ils en tirent est supérieure à ce qu'elle serait dans une démocratie parlementaire. Mais, en outre, deux groupes de la couche dirigeante y trouve des avantages supplémentaires en influençant la création des richesses par le biais de la nomenklatura et d'un accès prioritaire aux biens rares. Les réformes orientées vers le marché élimineraient la nomenklatura dont on devient membre en faisant preuve de loyauté (dorénavant, les postes seraient pourvus en fonction du mérite) et les prix d'équilibre annuleraient les avantages de l'accès priviligié à certains biens et services. Par conséquent, les apparatchiks du parti et les fonctionnaires de l'économie font la sourde oreille dès qu'il s'agit d'introduire des changements radicaux dans le système économique. Dans la seconde partie, l'auteur explique l'hostilité de ces deux groupes envers le secteur privé en se fondant sur la même approche, celle de la répartition de la richesse. La troisième partie est consacrée aux réactions des apparatchiks du parti et des fonctionnaires de l'économie si et quand des réformes économiques sont envisagées ou introduites. Ces deux groupes de la couche dirigeante étant chargés de l'application des réformes, ils ne manquent pas de marge de manœuvre pour faire échouer ou inverser le cours des réformes. Le mode d'action des « contre-réformateurs » est expliqué en détails. Les autorités sont confrontées à un dilemme : elles doivent s'efforcer d'améliorer les médiocres performances de l'économie tout en préservant simultanément les avantages de ces groupes de la couche dominante qui bénéficient le plus du statu quo. Et puisque leur maintien au sommet dépend précisément de ces groupes, les autorités choisissent de ne rien changer ou de se limiter à quelques changements qui n'affectent en rien les performances de l'économie ou la structure du profit. Dans la dernière partie, l'auteur évalue certaines tentatives récentes de réforme, toujours en se fondant sur l'argumentation mentionnée.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Why economic reforms fail in the Soviet system ? This article tries to answer intriguing question : why market-type reforms fail under the Soviet system in spite of the obvious interest of respective ruling groups in improving the performance of their ailing economies ? The author stresses the explanatory framework of the "new economic history" pointing at the wealth distribution under the Soviet system as the very important variable. In the first section the author explains how wealth distribution determines attitudes of the ruling stratum, consisting of party apparatchiks, bureaucracy (mainly economic one), police and military. All of them benefit from the maintenance of the political system because they get a larger part of the created wealth than they would have got under the representative democracy. But on top of that two segments of the ruling stratum uniquely benefit also from the persistent interference in the wealth creation process itself through nomenklatura and privileged access to goods in short supply. Since market-type reforms would do away with the loyalty-based nomenklatura (managerial nominations would have to be based on merit) and equilibrium prices would wipe out the benefits of privileged access, party apparatchiks and economic bureaucracy are dead set against any serious changes in the economic system. In the second section the author explains the unremitting hostility of these two segments of the ruling stratum toward the private sector, applying the same method of analysis, i.e. wealth distribution approach. The third section deals with the moves of party apparatchiks and economic bureaucracy if and when economic reforms are envisaged or introduced. Since it is these two segments of the ruling stratum that are charged with implementing reforms, they have ample room for manœuvre in their moves aimed at aborting or reversing reforms. Next, the modus operandi of "counterreformers" is explained in some detail. The ruling group finds itself between the need to improve ailing performance of the economy and the necessity to keep intact the benefits of these segments of the ruling stratum that benefit from the status quo. And because it depends primarily upon precisely these segments to stay at the top, it choses to do nothing or to make limited changes that do not affect either the performance or the structure of benefits. In the last section some recent attemps at economic reforms are evaluated in terms of the analytical framework set forth in the previous sections.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1987_num_18_3_1320