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Titre Les interactions de l'idéologie, de la politique et de l'économie : le cas de la Tchécoslovaquie
Auteur Jaroslav Krej?i
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro Vol. 19, 3, 1988
Rubrique / Thématique
La Tchécoslovaquie
Page 23-48
Résumé Les interactions de l'idéologie, de la politique et de l'économie dans l'histoire de la Tchécoslovaquie sont analysées sous un triple aspect : la conscience nationale opposée à la conscience de classe ; la fidélité à la nation opposée à la loyauté idéologique ; et l'économie de marché opposée à l'économie imperative. L'évaluation de chacun de ces trois domaines peut différer en fonction des convictions idéologiques de l'observateur. Une analyse empirique, fondée sur les faits et les chiffres, montre cependant qu'une théorisation des interactions entre la « base » et la « superstructure » ne débouche sur rien. L'expérience de la Tchécoslovaquie peut être résumée dans les termes suivants : dès que les croyances religieuses ont cessé de constituer la principale ligne de partage de la structure culturelle et politique de l'Europe centrale, c'est la nationalité, identifiée à la langue, qui est devenue le fondement de l'appartenance à une communauté. Quand les marxistes ont essayé de promouvoir la conscience de classe en tant que ligne fondamentale de partage de l'humanité, ils n'ont connu qu'un succès limité. Le mouvement démocratique a éclaté en fonction de l'appartenance nationale et même le Parti communiste a ultérieurement participé à la course nationaliste aux côtés de la « Patrie du socialisme ». Tant le régime politique que la structure socio-économique de la Tchécoslovaquie ont intégré certains principes idéologiques. La Première république de 1918-1938 était une démocratie parlementaire libérale qui tendait à instaurer une société de bien-être. A plusieurs égards, les valeurs et les traditions de la République française constituaient l'exemple à suivre. Depuis 1948, la Tchécoslovaquie est une dictature à parti unique où tous les moyens de production, d'éducation et de coercition sont contrôlés par le centre. Mais cette métamorphose n'a été nullement due à la contradiction entre les forces productives et les modes de production, si chère à Marx. L'économie de marché d'avant-guerre était relativement efficace mais a connu des fluctuations telles qu'elle n'a jamais fonctionné à plein rendement. L'économie planifiée, introduite en 1948, a plus ou moins fonctionné à pleine capacité mais s'est avérée de plus en plus inefficace et indifférente au consommateur. Le fort nivellement des revenus et des conditions de travail a été contrebalancé par une absence manifeste d'égalité en matière de droits civiques et de libertés. Les énormes efforts réalisés au bénéfice supposé des générations futures ont provoqué une détérioration irréversible de l'environnement.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The Interplay of Ideology, Politics and Economics : the Case of Czechoslovakia. The interplay of ideology, politics and economics in the history of Czechoslovakia is demonstrated with reference to three areas : national versus class consciousness ; national versus ideological loyalty ; and market versus command as the leading factors in economy. Each of these confrontations can be evaluated differently according to the ideological stance of the observer. An empirical account, based on facts and figures, shows however, that nothing can be won by theorizing on interaction between a "basis" and a "superstructure". The lesson of Czechoslovakia can be summarized as follows : once the religious loyalties ceased to constitute the main dividing line in the cultural and political structure of Central Europe it was the nationality identified by language which became the rallying point for the sense of communal belonging. When the Marxists attempted to promote the class consciousness as the main divide of humanity, their endeavour had limited impact only. The social democratic movement split according to the national lines early on and later the Communist Party, too, eventually joined the nationalistic race on the side of the "Fatherland of socialism". Both the political regime and socio-economic configuration in Czechoslovakia followed certain ideological precepts. The first republic of 1918-1938 was a liberal, parliamentary democracy with a strong tendency towards building up a welfare state. In several respects the values and tradition of the French Republic were the paradigm. Since 1948 Czechoslovakia has been a one party dictatorship with the centralized command of all means of education, production and compulsion. The transformation was by no means due to the contradiction between the productive forces and the mode of production as had been envisaged by Marx. The prewar market economy operated in principle efficiently but with damaging fluctuations and thus not at full capacity. The post- 1948 planned economy has operated at more or less full capacity but with increasing inefficiency and regardless of the consumer. A significant levelling of incomes and conditions of work has been counterbalanced by conspicuous delevelling of civic rights and liberties. The enormous constructive effort allegedly for the benefit of future generations has created an irreparable legacy of a decaying environment.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1988_num_19_3_1371