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Titre Dissipation de la rente, managers et travailleurs dans le système soviétique : les implications pour un changement du système
Auteur Jacek Szymanderski, Jan Winiecki
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro Vol. 20, 1, 1989
Page 5-42
Résumé Jacek Szymanderski, Jan Winiecki. ? Dissipation de la rente, managers et travailleurs dans le système soviétique : les implications pour un changement du système. Les auteurs analysent les attitudes des managers et des travailleurs essentiellement dans l'optique de ce que les théoriciens du droit de propriété appellent la dissipation de la rente. Ce phénomène est particulièrement répandu dans le système soviétique où l'application des règles en l'absence de règles (ou en présence de trop de règles conflictuelles) et l'évaluation du produit en l'absence de marché (associée à des salaires volontairement bas qui poussent les travailleurs à réduire leur activité bien en deçà de leurs possibilités) créent toutes sortes de difficultés. Les diverses manières de s'approprier une portion de la rente ainsi dissipée par le dirigeant (plus généralement la strate dirigeante) sont ensuite examinées de même que les avantages qu'en tirent chacune des parties intéressées. On attire l'attention sur le fait que les managers non seulement bénéficient bien plus que les travailleurs de la dissipation de la rente mais qu'ils en tirent aussi avantage en tant que membres de la strate dirigeante (ils sont nommés via la nomenklatura ; ils obtiennent des biens et services distribués en dehors des circuits du marché ; leurs primes et leurs gratifications dépendent presque entièrement du bon vouloir de leurs supérieurs politiques). En réalité, la totalité de leur revenu dépend de la perpétuation du système et de leur place au sein de ce système. Par conséquent, les auteurs différencient fortement les « réformes » (de simples aménagements du système) et le « changement » (un passage à l'économie de marché). Les managers, de par leur appartenance à la strate dirigeante, sont prêts à accepter les réformes qui accroissent leur champ de manœuvre sans menacer leur position privilégiée. Le contraire est vrai pour les travailleurs qui font partie de l'immense majorité des dirigés. Ils sont prêts à accepter le changement, source de plus grande efficacité, qui entraînera une hausse absolue du bien-être même si cela s'accompagne d'une différenciation accrue entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés. Ils craignent cependant que les aménagements du système réduisent la part de la rente dissipée qu'ils s'approprient sans provoquer simultanément une élévation de l'efficacité et du niveau de vie. Pour eux, les actions entreprises par les dirigeants sont des réformes et non un changement. C'est pourquoi, par défaut, ils soutiennent le statu quo.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Jacek Szymanderski, Jan Winiecki. ? Rent dissipation, managers and workers in the Soviet system : implications for systemic change. The authors look at managers and workers attitudes toward systemic change mainly within the framework of what theorists of property rights call rent dissipation. The rent dissipation phenomenon is particularly widespread in the Soviet system due to the difficulties with rules enforcement without rules (or with too many conflicting rules) and product measurement without markets (coupled with deliberately set low wage rates that result in workers reducing work effort much below their potential). Various ways of appropriating parts of the dissipated rent belonging to the ruler (usually ruling group), are, then, considered and benefits drawn by each group are analysed in turn. An attention is drawn to the fact that not only managers benefit to a much greater extent from rent dissipation than workers but they also benefit to an important extent as members of the ruling stratum in the Soviet system (their jobs are obtained through nomenklatura ; they get goods and services distributed through non-market channels ; their premiums and bonuses depend almost entirely on the goodwill of their political superiors). Actually, their whole income depends on the continuing existence of the system and their position within it. Consequently, the authors formulate an important difference between « reforms », i.e. tinkering with the system, and « change », i.e. shifting to the market system. Managers who belong to the ruling stratum are ready to embrace reforms which increase their room for manœuvre without endangering their privileged position. The opposite may be said about workers belonging to the ruled majority. They are ready to accept efficiency improving change which will raise their absolute level of welfare even if that entails increased differentials between the more and less skilled. They are afraid, however, that tinkering with the system will reduce their ability to appropriate dissipated rent without an overall raise in efficiency and welfare level. Properly perceiving their rulers actions as reforms, not change, they support the statu quo in accordance with a theory of the second best.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1989_num_20_1_1391