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Titre La Force fait l'union
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 47, 1993
Page 5-65
Mots-clés (géographie)Allemagne Etats Unis France Japon Royaume Uni
Mots-clés (matière)bilan consommation entreprise investissement politique économique système monétaire européen - S.M.E.
Mots-clés (organismes)Organisation de coopération et de développement économique - O.C.D.E.
Résumé Alors que les Etats-Unis approchent de la maturité de leur phase d'expansion, l'Europe et le Japon n'ont pas encore franchi la fin de la récession. En l'absence de tensions inflationnistes les Etats-Unis disposent encore de marges de progression, que s'efforce d'exploiter une gestion monétaire détendue. Mais l'emploi et la confiance des ménages ne sont pas pleinement au rendez- vous. C'est ce facteur qui limite principalement la vigueur de l'expansion américaine : elle ne devrait guère dépasser un rythme de 2 % l'an au cours de 1994. Au Japon, le retour à la croissance sera marqué par une lenteur inhabituelle. Il dépend du retour des entreprises industrielles et financières à une situation de bilan convenable. Ce processus ne devra pas être déstabilisé par un excès de valorisation du yen. La croissance japonaise restera faible en 1994 (+ 1,6 % après + 0,5 % en 1993). L'Allemagne s'est engagée plus franchement dans une gestion rationalisée du fardeau de l'unification, ce qui sera à terme favorable à la détente monétaire et financière en Europe. Mais, dans l'immédiat, l'ajustement allemand pèse sur la conjoncture européenne : la réduction des tensions inflationnistes et la maîtrise des coûts salariaux sont des processus en cours qui auront besoin de l'année 1994 pour être menés à bien ; l'activité allemande atteindra son point bas au cours du premier semestre 1994, lorsque la consommation des ménages souffrira pleinement des baisses de revenu amplifiées par les mesures d'économies sociales ; la normalisation monétaire sera effective mais prudente, les taux d'intérêt courts s'approchant d'un butoir un peu supérieur à 5 % d'ici le printemps 1994. L'engagement de la reprise allemande, au second semestre 1994, aura été préparé par un courant d'exportations suscité par l'effort d'investissement américain et par le redressement de la compétitivité. Mais l'année 1994 restera, en moyenne annuelle, une année de stagnation (+0,1 % pour le Pib après - 2,4 % en 1993). La France est en récession depuis l'automne 1992. Relativement aux autres pays européens, la dépression française est en 1993 plus prononcée si on la compare avec la moyenne des cinq principaux partenaires. La France s'est en revanche rapprochée de l'Allemagne dans le repli d'activité. Le redémarrage de la croissance n'interviendrait qu'au second semestre 1994, au rythme de 1,5 % l'an, mais en moyenne annuelle, c'est encore la stagnation qui prévaudrait, car d'ici là joueront encore négativement la ponction sur les revenus des ménages et l'impact du creux allemand. La rétention des dépenses perdure tant que ménages et entreprises souhaitent ou sont contraints de se désendetter, tant que l'inversion entre les taux d'intérêt courts et les taux longs favorise les placements liquides et qu'elle révèle une perspective de baisse encore forte, mais non immédiate, des taux d'intérêt. L'atonie des achats renforce le repli d'activité et donc la constitution d'une épargne de précaution face aux risques de pertes d'emploi. Faible croissance de la consommation, recul de l'investissement des entreprises et contribution négative des stocks à la croissance contiendront la progression du produit intérieur. Excédent extérieur et progression du chômage iront de pair.
Résumé anglais Strength makes union Département des diagnostics As the United States are witnessing a maturing expansion phase, Europe and Japan have not yet got out of the recession. With no inflationary pressures, the United States have some leeway to grow, allowed for by a still accomodating money management. But employment opportunities and the confidence of households keep lagging. There lies the main impediment to a strong American growth : an annual rate of 2 % in the course of 1994 is unlikely to be much exceeded. The Japanese recovery will post an unusual slowness. It is subject to a prior restoring of the industrial and commercial balance sheets. Any excessive revaluation of the yen would endanger this process. The output will increase modestly in 1994 (+ 1,6 % from + 0,5 % in 1993). German has shifted more visibly to a rational management of the unification burden, which will prove finally favourable to the monetary anf financial easing in Europe. For the time being the German adjustment bears on the European business conditions : eradicating the inflationary pressures and curbing labour costs will still need the full 1994 year to be completed ; the German activity will reach its trough during the first half of 1994, when tax increases and cuts in benefits will hamper private consumption ; with a cautious return to a more normal monetary stance, short term interest rates will land somewhat above 5 % within next spring. The way to the recovery, due at the second half of 1994, will have been paved by exports generated by the American investment and an enhanced competitiveness. But 1994 on average will stay fairly flat (GDP : + 0,1 % from - 2,4 % in 1993). France has experienced a recession since the 1992 fall. In relation to its five main European partners, the 1993 French drop is more pronounced. France has in return shared the German contraction. The recovery would come no sooner than the second half of 1994, not exceeding a 1,5 % yearly pace ; stagnation would still prevail on average as an outcome of punctured household incomes and low German imports. Holding back expenses will come on as long as households and firms wish or need to get disindebted, and as the inverted yield curve encourages liquid assets, this wait-and-see attitude being fed by anticipated falling short term rates. This lack-luster spending increases the contraction of output, the risk of unemployment, and, consequently a cautious saving behaviour. A slowly growing consumption, a new reduction of investment and a negative contribution of inventories to growth will cause the gross domestic product to stagnate. An external surplus and an increasing unemployment will go hand in hand.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1993_num_47_1_1705