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Titre La politique migratoire au Japon : un dilemne non tranché
Auteur Yves Charbit, Laurence Husson, Massanori Hanada, Catherine Quiminal
Mir@bel Revue Revue Européenne des Migrations Internationales
Numéro Vol. 16, no 1, 2000 Dynamiques migratoires en Asie orientale
Rubrique / Thématique
Dynamiques migratoires en Asie orientale Coordination
Page 37-63
Résumé Contrairement à ce qui s'est passé dans les pays occidentaux, le développement économique du Japon n'a pas nécessité le recours à une main-d'œuvre étrangère non qualifiée, mobile, bon marché et ce malgré la pression qui pouvait s'exercer à ses portes. Néanmoins, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, s'ouvre un débat sur l'opportunité d'ouvrir le pays à une migration de travail. Cet article, à partir d'enquêtes menées au Japon, respectivement en 1992 puis en 1995, tente de mettre en évidence d'une part les enjeux de ce débat pour la société japonaise, d'autre part la signification et les limites de la politique migratoire retenue. Dans la mesure où la politique migratoire du Japon nous semble étroitement liée au système de travail, nous avons estimé nécessaire dans un premier temps d'en rappeler quelques unes des caractéristiques essentielles. Nous nous interrogeons ensuite sur le sens à donner aux différentes catégories d'étrangers retenues dans la Loi d'immigration de 1990, sur l'efficacité des distinctions établies, notamment celle entre légaux et illégaux. La politique migratoire du Japon répond à une double préoccupation : préserver « l'harmonie nationale » tout en renforçant l'influence internationale du pays et concilier son système de travail auquel est attribuée sa compétitivité internationale dans le domaine économique et la demande de main-d'œuvre de la part de secteurs en expansion. La Loi d'immigration de 1990 autorise, de manière prudente et contrôlée, la venue de travailleurs hautement qualifiés, mais, malgré cette volonté affichée, les effectifs restent faibles, limités aux cadres étrangers susceptibles de contribuer à l'adaptation des entreprises au marché international. Par ailleurs, cette même loi multiplie les catégories donnant droit à des emplois de courte durée, étudiants, collégiens, stagiaires, Nikkeijin, entraîneuses. Mais elle interdit l'embauche d'étrangers à des postes non qualifiés, ignorant délibérément la présence des « travailleurs illégaux » plus nombreux que ceux qui disposent d'un statut. Ne s'agit-il pas d'une politique attentiste, la moins coûteuse dans l'immédiat, permettant de temporiser par rapport aux problèmes de fond auxquels est aujourd'hui confrontée la société japonaise : nouvelle organisation du travail, nouveau consensus national ?
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Contrary to what happened in Western countries, Japanese economic development did not require low-qualified, mobile and inexpensive foreign labour, in spite of the pressure put on Japan. Nevertheless, in the late 1980's and early 1990's, a debate began regarding the possibility of opening the country to labour-based migration. This article, based on studies carried out in Japan in 1992 and in 1995 respectively, attempts to bring to light the implications of this debate for Japanese society on the one hand, and on the other hand, the signification and the limits of the migration policy adopted. To the extent that Japan's migration policy seems to be tightly linked to the labour System, we found it necessary to first point out some of its essential characteristics. Next we examine the meaning that can be given to the different categories of foreigners outlined in the 1990 Immigration Law and the effectiveness of the established distinctions, particularly the distinction between legal and illegal immigrants. Migration policy in Japan appeals to a double political preoccupation ; preserving « national harmony » while reinforcing Japan's international and economic influence, and reconciling Japan's labour System, to which the country owes its international competitiveness, with the demand for labour from the expanding economic sectors. The 1990 Immigration Law authorises, in a prudent and controlled fashion, the arrivai of highly-qualified workers. However, in spite of this show of willingness the number (of new arrivals in this category) remains low, limited to foreign executives who can contribute to the adaptation of companies to the international market. Moreover, this same law multiplies the different categories of foreigners, opening migration to include short-term employment, students and scholars, interns, Nikkeijin, and hostesses. But it prohibits the hiring of foreigners to low-qualified jobs, deliberately ignoring the presence of « illegal workers » whose numbers are greater than those with official status. Is this actually a stalling tactic, less costly in the short term, allowing to delay in dealing with the fundamental questions that Japanese society is facing today : a new organisation of labour, a new national consensus ?
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_2000_num_16_1_1708