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Titre La violence dans les sociétés du sud-est de Madagascar.
Auteur Philippe Beaujard
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro Vol. 35, no 138-139, 1995
Rubrique / Thématique
Études et essais
Page 563-598
Résumé Les sociétés malgaches ont souvent été présentées comme des sociétés non violentes. Construite sur l'alliance étroite de deux couches sociales, « noble » et « autochtone », la société tanala tente de juguler la violence à travers divers mécanismes régulatoires. Pourtant, l'affaiblissement des liens sociaux et la paupérisation générés par les transformations qu'a connues la Grande Ile depuis 1973 se traduisent aujourd'hui par des explosions de violence ouverte et par la progression d'une violence cachée : la sorcellerie, forme d'exutoire de l'agressivité qui est pensée comme un moyen d'accès au pouvoir ou aux richesses. L'auteur présente les différentes catégories de charmes utilisés et met en relief les logiques symboliques qui président à leur élaboration. Les divers types de charmes et les symboliques mises en jeu se retrouvent dans la société antemoro, voisine du pays tañala. L'importance croissante de la sorcellerie apparaît avoir pour une part des origines différentes dans les deux sociétés. Si la sorcellerie en pays tañala, aujourd'hui, traduit d'abord une angoisse dans une situation sociale marquée par l'anarchie et la pauvreté, dans la société antemoro, la sorcellerie constitue une réponse des individus à un système politico-religieux coercitif et rigide.
Résumé anglais Malagasy societies have often been said to be nonviolent. Formed out of a close alliance between two social strata, &ampamp;ampquot;nobles&ampamp;ampquot; and &ampamp;ampquot;natives&ampamp;ampquot;, Tañala society resorts to various means in the effort to regulate violence. Since 1973, social bonds have weakened and poverty has increased; and these changes both set off explosions of open violence and generate the hidden violence of witchcraft. The latter outlet for aggressiveness is considered to be a means for acquiring power or wealth. Various categories of &ampamp;ampquot;charms&ampamp;ampquot; are presented as well as the &ampamp;ampquot;symbolic logic&ampamp;ampquot; underlying their uses. These charms and symbols are also found in the neighboring Antemoro society. But the increase in witchcraft apparently has different origins in each of these two societies. Whereas Tañala witchcraft now primarily expresses the anguish of a social situation marked by anarchy and poverty, Antemoro witchcraft is the response of individuals to a rigid, coercive, system of religion and politics.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1995_num_35_138_1460