Titre | Droit de résistance, à quoi ? Démasquer aujourd'hui le despotisme et la tyrannie | |
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Auteur | M. Turchetti | |
Revue | Revue historique | |
Numéro | no 640, octobre 2006 | |
Rubrique / Thématique | Violences et domination |
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Page | 831 | |
Résumé |
Depuis trop longtemps, l'opinion internationale est plongée dans un flou conceptuel à l'égard des mauvais gouvernements, des régimes oppressifs aussi nombreux que corrompus, qu'elle ne sait plus qualifier distinctement : s'agit-il de dictatures, de despotismes, de tyrannies, de totalitarismes, d'autocraties, etc. ? Cet embarras est préjudiciable avant tout au Droit de résistance (version moderne de l'ancien tyrannicide), parce qu'avant de l'activer il faut préciser contre quel type de régime oppressif on a le droit et le devoir de l'appliquer. Les termes comme « despotisme » et « tyrannie », alors qu'ils se sont révélés efficaces à la clarté du débat politique jusqu'au début du XIXe siècle, de nos jours ont été abolis du vocabulaire politique scientifique en raison de la confusion qui en a embrouillé les sens. Ce vocabulaire s'est donc appauvri à l'avantage d'autres termes comme « autocratie » et autres, surtout « dictature », tout aussi vagues et imprécis. Cet article se propose deux choses : d'une part, démontrer que nous avons oublié une distinction entre ces deux « mots concepts » qui était claire par le passé, et, d'autre part, essayer de comprendre à quel moment de l'histoire la confusion a pu survenir et pourquoi. Quant à leur restauration dans le langage politique courant, là n'est pas la question. Ce travail voudrait encourager à réfléchir sur la terminologie politique héritée de la tradition, sur l'usage correcte des concepts et de leurs définitions, afin de réintégrer le vocabulaire politique et le rendre plus apte à décrypter la réalité contemporaine, qui demeure complexe et souvent indéchiffrable. D'après les sources les plus fiables, on peut formuler ainsi la distinction entre les deux termes – concepts : le despotisme est une forme de gouvernement qui, tout en étant autoritaire et arbitraire, reste légitime, voire légal dans certains pays et situations historiques ; tandis que la tyrannie, outre à constituer un gouvernement arbitraire et autoritaire, est dans tous les cas (pays et situations historiques) illégitime et illégale, car elle s'exerce non seulement sans ou contre le consentement des citoyens, mais au mépris des droits humains fondamentaux. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
For too long international opinion has been stuck in a conceptual flux about bad governments, oppressive regimes both numerous and corrupt, which it has been unable to distinguish : whether they are dictatorships, despotisms, tyrannies, totalitarianisms, autocracies, etc. This embarrassment is prejudicial above all to the right of resistance (a modern version of ancient tyrannicide), because before activating it one must specify against which oppressive regime one has the right and the duty to apply it. Terms such as « despotism » and « tyranny » which proved efficacious for clarifying political debate until the beginning of the nineteenth century, in our days have been eliminated from the vocabulary of political science because of a confusion that has muddled their sense. This vocabulary has thus become impoverished to the advantage of terms like « autocracy », or yet others, especially « dictatorship », equally vague and imprecise. This article proposes two things : for one it demonstrates that we have forgotten a distinction between these two « conceptual terms » which was clear in the past ; for the other, it attempts to understand at which moment in history the confusion occurred and why. As for their restoration into contemporary political vocabulary, that is not the question. This work would simply like to encourage people to reflect on the political terminology inherited from tradition, on the correct use of concepts and of their definitions, in order to reintegrate political vocabulary and render it more useful in decrypting contemporary reality, which remains often complex and even undecipherable. Following the most reliable sources, one can thus formulate the distinction between two terms or concepts : despotism is a form of government that, while remaining authoritarian and arbitrary, remains legitimate, in other words legal in certain countries and historical situations ; while tyranny, in addition to constituting an arbitrary and authoritarian government, is in every case (country and historical situation) both illegitimate and illegal, for it is exercised not only without or against the consent of citizens, but in contempt of fundamental human rights. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_064_0831 |