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Titre Des historiens sans histoire ? : La construction de l'historiographie coloniale en France sous la Troisième République
Auteur Pierre Singaravélou
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 185, décembre 2010 Représenter la colonisation
Page 30-43
Résumé Depuis plus de 50 ans, l'historiographie coloniale française a été oblitérée par les spécialistes de l'histoire de la discipline. Pourtant, sous la Troisième République, l'histoire de la colonisation française à fait l'objet de nombreux enseignements universitaires, soutenances de thèses et publications de manuels spécialisés. Il apparaît donc nécessaire de revenir sur les modalités de développement de cette spécialité dans l'enseignement supérieur en observant les marges du champ universitaire, dans lesquelles s'insinuent les « sciences coloniales ». Cette histoire de la colonisation semble être le produit d'une communauté d'historiens professionnels qui partagent une même culture académique et appliquent une méthodologie spécifique. Jugée traditionnellement conformiste et médiocre, l'historiographie coloniale révèle de nouvelles méthodes de recherche (pluridisciplinarité, histoire orale, contemporaine et comparée, etc.). Le discours historique colonial apparaît toutefois répétitif. En effet, les historiens ont à répondre à la même question paradoxale qui met en jeu leur légitimité : comment écrire l'histoire de peuples sans histoire ? Aussi privilégient-ils une histoire diffusionniste de la colonisation et des peuples colonisateurs, les colonisés accédant à l'Histoire grâce à l'œuvre bienfaitrice des colonisateurs français et de leurs prédécesseurs (Romains, Arabes, Indiens, etc.).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais For the past fifty years, French colonial historiography has been erased by the specialists of disciplinary history. Yet, under the Third Republic, many university courses, Ph.D. dissertations and specialized textbook focused on the history of French colonization. It is necessary to take a second look at the specific development of this academic specialism by looking at the margins of the academic field where the “colonial sciences” have taken hold. It seems that this history of colonization has been produced by a community of professional historians who share the same academic culture and use a specific methodology. Usually deemed conformist and mediocre, colonial historiography reveals new research techniques (multidisciplinarity, oral, contemporary or compared history, etc.). Historical colonial discourse however appears to be repetitive, for historians always have to answer a same paradoxical question that challenges their legitimacy: how can one write the history of peoples without history? As a result, they privilege a diffusionist history of colonization and colonizing nations, in which the colonized is ushered in History thanks to the benevolent work of French colonizers and their predecessors (Romans, Arabs, Indians, etc.).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_185_0030