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Titre La transition politique en Chine populaire : la libéralisation amorcée peut-elle accoucher d'une démocratisation ?
Auteur Jean-Pierre Cabestan
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro vol 28, no 3, septembre 1997 La transition politique en Asie orientale
Rubrique / Thématique
La transition politique en Asie orientale
 II. Les communismes asiatiques entre l'économie socialiste de marché et l'orthodoxie politique
Page 95
Résumé Aujourd'hui, la direction du Parti communiste est engagée dans une réforme des structures politiques qui affiche comme unique objectif le "perfectionnement de la démocratie socialiste" dont jouissent déjà les Chinois, par opposition à la "démocratie parlementaire occidentale", qui reste aux yeux des autorités de Pékin synonyme de "démocratie bourgeoise". Depuis Tiananmen (1989), deux réformes sont privilégiées : l'accroissement des pouvoirs des assemblées populaires et les élections villageoises. Certains estiment, en Chine comme à l'étranger, que ces réformes sont susceptibles de favoriser à terme une véritable démocratisation du régime. Rien n'est plus incertain. En dépit de la tenue ici et là d'élections plus concurrentielles, la quasi-totalité des assemblées et la grande majorité des villages restent contrôlés par les cadres du Parti. Toutefois, ces consultations ont contribué à renforcer l'influence des nouvelles élites (entrepreneurs privés) que le Parti communiste, comme le Kuomintang à Taiwan dans les années soixante, s'efforce d'attirer à lui. Cette évolution participe donc de l'affaiblissement de l'organisation du Parti, aujourd'hui beaucoup plus vulnérable aux multiples corporatismes régionaux et sectoriels. S'il introduit une certaine dose de pluralisme au sein de l'appareil, privilégiant les groupes économiques les plus puissants, ce phénomène risque de favoriser l'avènement en Chine populaire non pas d'une démocratie mais d'une ploutocratie à la fois autoritaire, bureaucratique et corporatiste.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The political transition in Communist China : Can the underway liberalization give birth to democracy ? The Chinese Communist Party's leadership has launched a reform of political structures with the single objective of "perfecting the socialist democracy" that the Chinese already enjoy, as opposed to "Western parliamentary democracy", which the authorities in Peking still see as synonymous with "bourgeois democracy". Since Tiananmen in 1989, two reforms have had priority : increasing the powers of popular assemblies and holding village elections. Some observers, in China and abroad, think these reforms may eventually democratize the political system. But nothing is less certain. Despite competitive elections held here and there, Party officials still control nearly all assemblies and the large majority of villages. Nonetheless, these elections do strengthen the influence of new elites (private entrepreneurs), which the Communist Party is trying to attract (like the Kuomintang in Taiwan during the 1960s). This tends to weaken the Party's organization and make it much more vulnerable to regional and special interests. Although it does introduce a degree of plurality into the Party machine, but by giving privileges to the economically most powerful groups, this phenomenon risks installing not a democracy but an authoritarian, bureaucratic plutocracy.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1997_num_28_3_2869