Contenu de l'article

Titre La politique soviétique de lutte contre les infractions économiques à travers les archives du Comité du Parti de la région de Sverdlovsk (1965-1982)
Auteur Gilles Favarel-Garrigues
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro vol 28, no 2, juin 1997 Investissement direct étranger et commerce extérieur
Page 155
Résumé L'action politique de l'État soviétique, sous Brejnev, reste méconnue faute de sources disponibles. Jusqu'à nos jours, la politique de lutte contre les infractions économiques (détournement de la propriété socialiste, entreprise privée, spéculation, corruption...) a fait l'objet de deux types d'études. Les premières concernent sa nature, son idéologie, son organisation ; les secondes se concentrent sur l'objet traqué, la criminalité économique, et insistent sur son rôle économique vital et sa diversité sociale, au travers des nombreuses études consacrées à l'économie dite de l'ombre, parallèle, souterraine. Cette vision duale aboutit à un isolement artificiel des décisions politiques et des pratiques économiques. Le problème de l'information nous semble central : que savent les dirigeants politiques de ce phénomène socio-économique ? Grâce aux archives désormais accessibles, il est possible aujourd'hui de réfléchir à cette question. L'originalité de la recherche entreprise réside dans la source utilisée : les archives du Comité du Parti communiste de la région de Sverdlovsk. Elles permettent de saisir comment l'information remonte du local au régional, du régional au fédéral. Cette information est double : elle concerne à la fois le phénomène social étiqueté en tant que criminalité économique et l'action répressive qu'il suscite. En définitive, les archives consultées montrent que la hiérarchie est relativement bien informée de l'évolution quantitative et qualitative de la criminalité économique, mais qu'en dépit d'une volonté certaine, elle est impuissante à la combattre. L'appareil répressif de l'État soviétique est loin de fonctionner comme un rouleau compresseur. Les campagnes récurrentes de lutte contre telle ou telle forme de criminalité économique provoquent des effets différenciés. Cet échec est dû à des dysfonctionnements dans l'application des injonctions de la hiérarchie au niveau local.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Soviet policy for fighting against economic violations of the law as seen through the archives of the Party Committee in the Sverdlovsk Region (1965-1982). Given the paucity of available sources, little is known about the Soviet state's policy actions under Brezhnev. Till now, two types of studies have been made of the policy for fighting against economic violations of the law (misappropriation of socialist property, private business, speculation, corruption, etc.). The first type has focused on the nature, ideology and organization of this policy. The second type has concentrated on violations and violators ; and several studies devoted to the "shadow", "parallel" or "underground" economy have emphasized the vitality and social diversity of economic criminality. But this twofold view has artificially separated political decision-making from economic practices. In this article, information is seen as a key factor : what did political leaders know about this socioeconomic phenomenon ? Thanks to now open archives, specifically those of the Communist Party Committee in the Sverdlovsk Region, new thought can be given to this question. These archives let us see how information rose from the local to the regional and from the regional to the federal levels. This information has to do with both the socially labelled phenomenon of economic criminality and the actions for cracking down on it. The archives consulted show that the hierarchy was relatively well informed about quantitative and qualitative changes in economic criminality but that, despite its relative determination, it was powerless against it. Law enforcement in the Soviet state was not a steam roller. The recurrent campaigns against different forms of economic criminality had varying effects. Their failure can be set down to the problem of carrying the hierarchy's orders out at the local level.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1997_num_28_2_2855