Contenu de l'article

Titre Le « calqul » économique du consommateur : ce qui s'échange autour d'un chariot
Auteur Franck Cochoy
Mir@bel Revue L'Année sociologique
Numéro vol. 61, no 1, 2011 Sociologie de la consommation
Rubrique / Thématique
Sociologie de la consommation
Page 71-101
Résumé Étudier la consommation, est-ce étudier le consommateur ? Alors que la sociologie de la consommation et la consumer research ont jusqu'ici répondu implicitement par l'affirmative à cette question, en faisant toutes deux du consommateur le point focal de leurs analyses de la consommation, cet article propose plutôt de répondre par la négative, en vertu d'un double argument. D'une part il entend montrer que paradoxalement, pour bien comprendre la consommation, il est parfois préférable de se détourner du consommateur, pour s'intéresser plutôt aux objets qu'il mobilise et désigne, ainsi qu'aux médiations techniques et humaines qui définissent et rapprochent les objets et les sujets de consommation, par exemple un simple chariot de supermarché. Ce chariot, en favorisant l'agrégation autour de lui d'un petit collectif non réductible à la seule personne qui le pousse, transforme le consommateur en consommateur collectif, et donc la conversion du calcul en « calqul ». En conservant la phonétique du « calcul » tout en lui associant le radical du verbe « calquer », ce néologisme entend prendre en compte la part sociale de l'arithmétique des consommateurs. De même que calquer un dessin consiste à ajuster son trait aux contours du modèle, « calquler » consiste, pour les membres d'une unité de choix collective, à ajuster leur choix aux expressions de leur(s) partenaires, sans préjuger bien sûr de la réussite ou de la convergence de cet ajustement.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Economic “Calqulation” of the Consumer. What is Exchanged around a Supermarket Trolley« Is studying consumption studying the consumer? » While the sociology of the consumption and consumer research answered up to now positively this question, by both positing the consumer as the focal point of their analyses, this article suggests rather answering negatively, by virtue of a double argument. On the one hand it intends to show that paradoxically, to understand consumption, it is sometimes preferable to turn away from the consumer, and be rather interested in the objects which he mobilizes and indicates, as well as in the technical and human mediations which define and move closer the objects and subjects of consumption. See for instance a simple supermarket trolley: this vehicle, by facilitating the aggregation of a small collective which is not reducible to the only person who drives it, transforms the consumer into a collective consumer, and thus the conversion of calculation into « calqulation ». This latter neologism refers to the French « calquer », i.e. drawing with a tracing paper. As well as to draw with such a device consists in adjusting your own line to the outlines of the model, « calqulating » consists, for the members of a collective unit of choice, in adjusting their choice to the expressions of their partners, even if the success or the convergence of this adjustment is far from guaranteed.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANSO_111_0071