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Titre Les effets structurels des politiques de stabilisation macroéconomique
Auteur Bruno Deffains
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro vol 25, no 2, juin 1994
Page 57
Résumé Dans les pays de l'Est, la transformation des structures économiques résulte de trois forces distinctes : les mesures de privatisation, la libération des prix et des échanges et, indirectement, des politiques de lutte contre l'hyperinflation et contre la demande excédentaire. Il est toutefois difficile de distinguer dans la réalité ce qui est imputable à chacune de ces trois forces même si les délais d'ajustement de chacune sont vraisemblablement différents. Autrement dit, même sans mouvement de privatisation forcené, il y a des effets structurels sur l'activité du fait de la réduction de la demande globale. Ceci contribue à expliquer l'ampleur de la chute de la production industrielle en Europe de l'Est lors du passage de l'inflation réprimée à l'inflation ouverte. Il existe un processus d'ajustement, de « destruction créatrice », qui explique l'opportunité de « redescendre » vers les réactions des entreprises aux réformes structurelles ainsi qu'aux politiques de stabilisation. De ce point de vue, on peut penser que les restructurations dans les différents pays sont en partie le résultat automatique mais souvent involontaire des politiques de stabilisation macroéconomique et pas seulement celui des politiques de démonopolisation et de privatisation. En effet, dans le contexte actuel, les politiques anti-inflationnistes induisent des comportements très différents de ceux qui existent dans une économie de marché. L'objectif essentiel des entreprises est la stabilisation des débouchés et des fournitures indépendamment de tout paiement et de tout profit. En Russie notamment, les dirigeants d'entreprises constituent un groupe de pression particulièrement puissant et bien représenté à tous les niveaux : central, régional ou local. En l'absence d'un État central fort, ce lobby est en mesure d'imposer certaines de ses vues. Dès lors, la mission de la Banque centrale n'est plus de minimiser le taux d'inflation ou de stabiliser le cours du rouble, mais de permettre la survie de certaines entreprises en accordant des crédits massifs y compris à celles qui éprouvent les plus grandes difficultés à écouler leur production.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The structural effects of macroeconomic stabilization policies. In the countries of Eastern Europe, the transformation of economic structures is brought about by three distinct forces : privatization measures, the freeing of prices and trade, and indirectly by policies for combatting hyperinflation and excess demand. At the same time, it is difficult in practice to single out what may be attributable to each of these three forces, even if, as is very likely, the time element involved for adjustment is different in all three cases. In other words, even without a compulsive move towards privatization, there are still structural effects on economic activity, owing to the reduction of overall demand. This goes some way to explaining the extent of the drop in industrial production in Eastern Europe after the change from hidden inflation to overt inflation. There is a process of adjustment, of "creative destruction" which explains the appropriateness of "going back down" to the reactions of enterprises to structural reforms, as well as to policies of stabilization. From this point of view, it may be that the restructuring moves in different countries are partly the automatic but often involuntary result of macroeconomic stabilization policies, and not only the consequence of demonopolization and privatization moves. Indeed, in the contemporary context, anti- inflationary policies engender modes of behaviour very different from those found in a market economy. The essentiel aim of enterprises is stabilization of outlets and supplies, independently of any payment and any profit. Especially in Russia, the heads of enterprises constitute a particularly powerful pressure group, which is well represented at all levels : central, regional or local. In the absence of a strong central State, this pressure group is in a position to impose certain of its views. As of now, the mission of the Central Bank is no longer to reduce the rate of inflation, or stabilize the rate of the rouble, but to enable some enterprises to survive by granting them massive credits, including those enterprises which have the greatest difficulties in selling their products.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1994_num_25_2_2664