Titre | De l'émotion de la mort à l'émoi du meurtre. Quelques réflexions sur le sentiment de la mort suspecte à la fin du Moyen Âge | |
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Auteur | Franck Collard | |
Revue | Revue historique | |
Numéro | no 656, octobre 2010 | |
Rubrique / Thématique | Affaires, politique et procès |
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Page | 873-907 | |
Résumé |
La mort a puissamment suscité l'intérêt des médiévistes depuis une quarantaine d'années de même que, plus récemment, les émotions. Le croisement de ces thèmes d'étude est l'objet de cet article, non du point de vue bien connu de l'effroi qu'inspire le trépas, mais d'un point de vue politique : celui des réactions que provoque la disparition d'un puissant à la fin du Moyen Âge. Dans des sociétés « médicalisées », au sens où la médecine offre des schémas d'explication à des décès auparavant rapportés à la seule Providence, la mort est mise en question, ses causes deviennent sujets de spéculation et de conjecture qui débouchent parfois sur le soupçon accusateur et la rumeur insinuatrice. En fonction des circonstances de sa survenue, les esprits s'émeuvent jusqu'à voir le crime – poison ou maléfice – derrière la maladie ou la crise fatales au prince et jusqu'à déstabiliser l'ordre politique. À partir de l'exemple de la mort du duc de Brabant survenue en 1430 et de contrepoints éclairants, ce travail tente de cerner les raisons pour lesquelles la fin des Grands tend à agiter l'opinion, comment la suspicion peut s'exprimer, de quelle manière elle peut être alimentée par des acteurs du jeu politique, comment les autorités s'efforcent de la dissiper en dissociant l'émotion légitime du deuil de l'émoi fauteur de troubles du supposé meurtre, allant jusqu'à montrer le prince défunt à corps ouvert examiné par de savants médecins. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
For forty years, death has been a subject that medievalists have been very interested in ; more recently they are interested in emotions too. This work concerns the crossing of these two questions, not from the well known point of view of the awe inspired by death but from a political point of view, that is reactions that provoke the end of mighty people in the late Middle Ages. In societies where medicine begins to give explanations – right or wrong – for events which were only explained by Providence in earlier times, death is questioned, its causes become matter of speculation and conjecture, that sometimes create charging suspicion and insinuating rumour. According to the circumstances of its happening, deadly illness or fatal crisis moves people to the point of imagining crime (poisoning or bewitching) behind almost every death of kings or princes and this emotion can easily be changed in commotion that threatens public order. From the case of Duke of Brabant's death (1430) and other significant cases, this paper tries to find the reasons why magnates' death seems to perturb more and more public opinion at the end of the Middle Ages, how suspicion can be expressed by words or actions, how it can be nourished by actors of political game, how authorities endeavour to appease it and want to dissociate legitimate emotion of mourning from commotion caused by alleged murder. They don't hesitate to show prince's opened body to prove, with help of graduated doctors, that death happened naturally. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_104_0873 |