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Titre De l'esclavage à la servitude : Le cas des Noirs de Tunisie
Auteur Inès Mrad Dali
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro no 179-180, 2005 Esclavage moderne ou modernité de l'esclavage ?
Page 935-956
Résumé En Tunisie, l'asservissement des « Noirs » a continué au moins jusqu'en 1890, date du second décret d'abolition de l'esclavage. Au cours du XXe siècle, l'esclavage sous sa forme traditionnelle a fini par disparaître et, avec les indépendances et la mise en place de l'État-nation, toute différence de statut est juridiquement effacée. Cependant, ceux qui furent esclaves (‘abid) n'ont connu qu'une très lente émancipation au cours de laquelle ils acquirent certains droits sur le produit de leur travail et des droits familiaux, mais ils resteront longtemps exclus. De nos jours, les « Noirs » tunisiens appartiennent en général aux couches les plus défavorisées de la population, et des liens de dépendance et de clientélisme entre descendants d'esclaves et descendants de maîtres - tout à fait similaires à la pratique pré-islamique du wala' (« patronat ») - sont parfois encore visibles en tant qu'avatars de l'esclavage aboli. Les phénomènes du khamessat et des enfants mrubbin qui ont concerné une grande partie de cette frange de la population conduisent à s'interroger sur la différence de nature entre ce que fut l'esclavage en tant qu'institution, et les formes d'asservissement qui sont apparues en contournement de l'abolition. Il est également ici question de réfléchir sur la réalité historique de ces phénomènes et donc sur la pertinence à qualifier comme « modernes » certaines formes d'asservissement alors que l'esclavage « classique » était déjà principalement de type domestique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CEA_179_0935