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Titre Des études napoléoniennes au soutien de la Grande Idée grecque : Édouard Driault (1864-1947) et le rêve d'une Méditerranée impériale
Auteur Anne Couderc
Mir@bel Revue Matériaux pour l'histoire de notre temps
Numéro n° 99, juillet-septembre 2010 La France et la méditerranée
Page 36
Résumé Cet article envisage la carrière et l'œuvre de l'historien français Édouard Driault (1864-1947) et tente de les replacer dans le contexte intellectuel et diplomatique de la Grande Guerre et de la Conférence de la Paix. À cette époque en effet, Édouard Driault connut une notoriété qui dépassa largement les cercles académiques et l'introduisit dans les milieux politiques et diplomatiques de la Conférence de la Paix. Les positions qu'il prit pour la solution de la Question d'Orient furent notamment utilisées par la Grèce dans la négociation de ses frontières en 1919 : la défense d'une Grèce forte « restaurée dans tout son domaine », continuatrice de l'Empire byzantin, fidèle alliée orientale de la nation impériale française, elle-même continuatrice de la France napoléonienne, porteuse de valeurs démocratiques universelles. On tente ici de mesurer sinon une influence de Driault, du moins une convergence de ses thèses avec celles qui semblent avoir prévalu dans les décisions de la Conférence de la Paix. L'hypothèse est développée ici que le règlement de la question d'Orient en 1919, qui devait certes faire triompher le principe des nationalités, tendit pourtant à reconnaître à certains États comme la Grèce une supériorité de civilisation, au nom des valeurs occidentales, qui lui permettrait d'intégrer des populations non grecques au sein de ses nouvelles frontières et de recueillir ainsi une partie de l'héritage d'Empire issu de la disparition de l'Empire ottoman.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais From Napoleonic Studies to the Support of the Greek Great Idea. Édouard Driault (1864-1947) and the vision of an Imperial Mediterranean This article aims at placing the career and academic work of French historian Édouard Driault (1864-1947) in the intellectual and diplomatic perspective of the Great War and the Paris Peace Conference. At this time Driault acquired notoriety beyond the academic world which was the reason for his introduction into the political and diplomatic circles of the Peace Conference. His positions for the solution of the Eastern Question were used especially by Greece during the negotiations concerning the country's frontiers in 1919 : the advocation of a strong Greece “restored to the entirety of her domain”, heiress of the Byzantine Empire, faithful oriental ally of the imperial nation of France, seen for her part as heiress of Napoleonic France, and a vehicle of the universal democratic values. The author tries to evaluate the existence if not of an actual influence of Driault, at least of a convergence of his thesis with those which prevailed in the decisions of the Peace Conference. The hypothesis is put forward here that although the solution given to the Eastern Question in 1919 was certainly a triumph for the principle of nations, there was however a tendency to recognise to some states, as was the case with Greece, a superiority of civilization in the name of the Occidental values. As a result of this, Greece was granted the right to integrate non Greek populations within its new frontiers, thus receiving part of the imperial heritage resulting from the disintegration of the Ottoman Empire.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MATE_099_0036