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Titre Pourquoi les croyances n'intéressent-elles les anthropologues qu'au-delà de deux cents kilomètres ?
Auteur Pierre Lagrange
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 25, no 100, 2012 Faire des sciences sociales du politique
Rubrique / Thématique
Réanimer les controverses
Page 201-220
Résumé Pourquoi les études anthropologiques privilégient-elles les croyances lointaines (comme les revenants médiévaux ou le chamanisme amérindien) et ignorent-elles souvent les croyances nées au sein de notre culture scientifique (comme l'astrologie ou l'ufologie), sinon pour les dénoncer ? Cet article montre que le refus d'étudier les croyances proches tient dans un autre refus (ou une incapacité), celui d'étudier les pratiques scientifiques, par crainte de tomber dans le relativisme. Il montre aussi que certains travaux qui ont proposé de prendre des croyances au sérieux l'ont fait au prix d'une critique des sciences responsables de la marginalisation de ces croyances, ce qui revenait à adopter à nouveau un ton critique. Il montre aussi que les travaux qui ont proposé une approche capable d'étudier sciences et croyances dans les mêmes termes ont souvent évité de mettre trop en avant les sciences. La pratique scientifique apparaît donc comme une tâche aveugle, particulièrement pour l'anthropologie française.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Why Do Anthropologists Get Interested in Beliefs Only When They Are Located at Least Two Hundred Kilometers Away ?Why do social anthropologists prefer to study beliefs that are located far away in time or in space (like medieval ghosts or non-western shamanism) and why do they often ignore beliefs that develop inside our scientific society (like contemporary astrology or UFOlogy), except to debunk them ? This article shows that the refusal to study our beliefs is closely connected to the refusal (or the incapacity) to study scientific practices, by fear of the relativism stemming from the confusion between “scientific facts” and “mere beliefs”. It also outlines that the some pieces of work that claim to take beliefs seriously mostly have not done so : they have just extended the debunking of beliefs by debunking some specific scientific practices as if they were beliefs. It finally shows that the rare pieces of work that succeed in studying beliefs from a symmetrical point of view often forget to mention the contribution of the science studies that made that symmetrical treatment possible. As a result, the problems that social anthropologists meet when it comes to beliefs are closely connected to the fact that scientific practices remain a sort of blind spot – particularly in France.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_100_0201