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Titre The limits of Muscovite autocracy : The relations between the grand prince and the boyars in the light of iosif Volotskii's Prosvetitel´
Auteur Cornelia SOLDAT
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 46, no 1-2, janvier-juin 2005 La Russie vers 1550 : monarchie nationale ou empire en formation
Rubrique / Thématique
Autour de la monarchie
Page 265-276
Résumé Les limites de l'autocratie moscovite. Les relations entre le grand-prince et les bojare vues à travers l'?uvre de Josif Volockij, Prosvetitel´. Depuis que Sigismund Herberstein a affirmé que le tsar moscovite régnait en « maître », donc en « tyran », sur ses sujets, qui se désignaient eux-mêmes comme ses « esclaves » (holopy), l'historiographie occidentale ne manque pas de décrire la relation entre le tsar et ses bojare comme patriarcale et empreinte de cruauté. L'auteur de l'article soutient qu'en se désignant comme « esclaves du souverain », les membres de l'élite dirigeante exécutaient une sorte de kenosis (podvig, haut fait) consistant à se rabaisser devant le souverain/Dieu. Cette imitation du Christ soulignait leur participation au système socialement complexe du pouvoir. L'?uvre de référence pour une description du pouvoir tyrannique du monarque moscovite est le Prosvetitel´ de Josif Volockij. Cependant, une lecture minutieuse montre que « mu?itel´ », généralement rendu par « tyran », terme qui évoque le régicide et la désobéissance civile chez le chercheur occidental, n'est pas traduit correctement. Des extraits de la Bible suggèrent plutôt que le mot mu?itel´ doit être compris en relation avec mu?enik, « martyr », le second membre de l'opposition mu?itel´/ mu?enik. Dans ce contexte, le mu?itel´ est celui qui fait des martyrs, c'est le bourreau qui exécute la sentence, sans être nécessairement mauvais. Pour les conseillers du tsar, prodiguer de bons conseils à un mauvais tsar ouvrait les portes du paradis. Par ailleurs, le devoir qu'a le tsar de juger et punir ses sujets tel qu'il est décrit dans Prosvetitel´ est assujetti à des règles morales rigoureuses. On peut en conclure que le pouvoir autocratique du tsar moscovite n'avait d'existence que dans le discours. Il était en fait soumis à des limites morales personnelles et sociales strictes.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_461_0265