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Titre Judicial Elections as a Colonial Reform : The Qadis and Biys in Tashkent, 1868-1883
Auteur Paolo Sartori
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 49, no 1, janvier-mars 2008 Réformes et société en Asie centrale tsariste et soviétique
Rubrique / Thématique
Réformes et société en Asie centrale tsariste et soviétique
Page 79-100
Résumé Les élections judiciaires comme réforme coloniale : les Qadis et les Biys à Tashkent, 1868-1883 En Asie centrale russe, le terme « réforme » était un mot clef utilisé par les officiers et les responsables de l'administration coloniale lorsqu'ils réglementaient l'exercice de la loi islamique (shar?at) et coutumière (?dat) afin de le rendre plus efficace et d'accorder la pratique juridique des communautés locales aux normes impériales. Les récents travaux universitaires n'ont certes pas négligé l'importance de ces questions mais ils se sont centrés sur les règlements coloniaux alors qu'ils ont ignoré les caractéristiques juridiques et les limites de la politique de « réforme » de la justice centre asiatique. Cet article soutient que les Russes sont parvenus à réformer seulement la fonction de juge de la shar?a et des tribunaux fondés sur la ?dat. En réalité, en rendant la fonction de juge éligible, l'Empire a bouleversé une pratique ancienne : dans l'Asie centrale précoloniale, la rémunération des qadis et des biys était garantie par leur rang tandis que leur fonction leur conférait divers privilèges économiques. Notre étude, qui se concentre sur Tashkent entre 1876 et 1883, compare les changements qu'ont connus les systèmes judiciaires basés sur la shar?at- et la ?dat en montrant comment les élections ont déstabilisé essentiellement les biys alors qu'elles n'ont pas ébranlé la stabilité de la fonction des qadis. L'instabilité des premiers ne peut être reliée à leur incapacité à juger selon la loi coutumière, comme cela a souvent été avancé ; elle est plutôt le résultat d'une compétition croissante autour des ressources : à Tashkent, le salaire que procurait la fonction de biy provenait à la fois de son activité de juge et de celle de percepteur d'impôts alors que le qadis ne pouvait toucher d'honoraires, excepté lorsqu'il établissait des contrats de mariage.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_491_0079