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Titre L'opposition au pouvoir impérial dans la théorie politique de la Russie ancienne : Ses modèles littéraires
Auteur Ol´ga Novikova-Monterde
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 50, no 2-3, avril-septembre 2009 L'Europe orientale, 1650-1730
Rubrique / Thématique
Monarchie et société
Page 381-394
Résumé Pourquoi les textes politiques importants de l'ancienne Russie adoptent-ils un ton moralisateur ? Pourquoi sont-ils si souvent fragmentaires, inachevés ? Pourquoi ne trouve-t-on pas, dans la pensée politique de l'empire des tsars, certaines idées essentielles, présentes chez presque toutes les monarchies d'Europe ?Il arrive que l'on explique ces particularités par le caractère arriéré de la société russe. L'auteur propose une autre interprétation : la pensée russe et celle d'Occident s'inspirent de sources différentes, quoique apparentées.Alors que l'Occident prend comme point de départ la théorie aristotélicienne de la polis, la doctrine russe sur la monarchie suit la tradition hellénistique tardive, transmise par les théologiens de l'Église orientale. La prédilection pour le style fragmentaire ferait partie, selon l'auteur, d'une technique rhétorique délibérée, qui s'efforce d'imiter les textes fondateurs de la patrologie orientale, notamment par l'emploi d'une forme particulière de citation (désignée ici par l'expression « citation globale »).S'agissant du droit de résister au monarque, l'auteur conclut qu'à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, certains théoriciens russes, et même des dirigeants politiques, voyaient dans les récits littéraires d'affrontement entre le tyran et le héros chrétien, tels qu'on les trouve chez saint Jean Chrysostome et autres auteurs des premiers temps de l'Église, le parfait exemple de la conduite à tenir face à un monarque impie. Il en résulte que le droit de résistance était à leurs yeux un devoir du croyant comme individu, non la prérogative d'un groupe politique quelconque. Des cas de résistance collective sont certes historiquement attestés, mais pour être considérée comme légitime, la résistance devait être individuelle et non-violente.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Opposition to imperial power in Old Russia's political theory and its literary models
Why are medieval Russia's important political texts written in moralizing terms? Why do so many of them seem fragmentary, unfinished, to us? Why is it impossible to find in the political thought of the Russian Empire essential ideas that existed in almost all European monarchies? This situation is sometimes explained by the backwardness of Russian society. The author offers a different explanation: the difference between Russian and Western political thoughts is due to the fact that they sprang from different, though related, sources. While the origin of Western political thought was Aristotle's theory of polis, Russian doctrine about monarchy comes from the later Hellenistic tradition, transmitted through the theology of the Eastern Church. The fragmentary style of Russian political thinkers was, the author suggests, a deliberate rhetorical device. This rhetorical strategy and its related special form of quotation (called here “global quotation”) were meant to imitate the founding texts of Oriental Fathers. Analysis of the right to resist royal power leads to the conclusion that in the late sixteenth and early seventeenth centuries, some Russian political thinkers, and even what we might call “political leaders,” perceived the literary examples of spiritual confrontation between the tyrant and the Christian hero, as described in the works of Saint John Chrysostom and other early Christian writers, as the archetypical way of dealing with an unrighteous monarch. This implies that the right to resist the tyrant was interpreted as the believer's individual obligation rather than the prerogative of political groups. The author does not deny cases of collective resistance, but points out that only a certain type of individual and non-violent resistance was legitimated by Russian political thought.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_502_0381