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Titre Komu vodička, a komu vodočka ili čto delajut smotriteli na Svjatom ozere : prazdničnaja kul´tura i religija v sovetskom poslevoennom obščestve
Auteur Ulrike Huhn
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 52, no 4, octobre-décembre 2011 Varia et comptes rendus
Rubrique / Thématique
Articles
Page 591-618
Résumé Le changement brusque, en 1943, dans les relations entre l'État soviétique et l'Église orthodoxe a conduit à une résurgence imprévue des traditions religieuses qui avaient disparu de la sphère publique depuis les années trente. Cet article analyse les formes spécifiques prises par les fêtes rurales depuis l'après-guerre jusqu'au début des années soixante en prenant pour exemple le site du pèlerinage de Svetlojar dans la région de Gor'kij. À Svetlojar, la renaissance du pèlerinage d'été coïncida avec le jour du saint patron local et la fête paroissiale, largement sécularisée, qui lui était dédiée. C'est l'ambivalence de la tradition locale qui a permis même à des représentants de l'État, dont des gardes d'un goulag proche, de prendre part aux festivités alors même que le chevauchement de celles-ci avec le renouveau de la pratique religieuse remettait en question le monopole de l'État sur l'espace public. La démarcation entre le séculaire et le religieux est devenue de plus en plus floue, d'autant que la participation à la fête paroissiale ou au pèlerinage ne se basait pas sur la distinction officiels soviétiques « progressifs » d'une part et pèlerins « arriérés » de l'autre, mais reconnaissait plutôt une répartition genrée. La fête paroissiale à Svetlojar offrait aussi une expérience de la communauté qui, alors, aurait dû être le fait des manifestations de masse soviétiques. Mais les efforts pour mettre en place un calendrier des fêtes soviétique n'avaient pas atteint les campagnes. Ce n'est qu'à la fin des années cinquante, avec les campagnes antireligieuses de Hruščev, que l'on tenta derechef d'introduire de nouvelles fêtes soviétiques pour enfin attirer la population rurale et la convaincre du projet soviétique après des années d'appauvrissement et d'exploitation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais To each his kind of water, or “Why are the guards at the Holy Lake?” Festive culture and religion in postwar Soviet society. The turnabout in the relationship between the Soviet State and the orthodox Church in 1943 led to an unexpected resurgence of religious traditions that had vanished from the public sphere in the 1930s. This article analyzes the specific forms taken by rural feasts during the postwar years until the early 1960s and focuses on a pilgrimage site called Svetloiar in Gor'kii region. The reemerging summer pilgrimage of Svetloiar happened to coincide with the local patron saint's day and the related, but largely secularized parish feast. It was this ambivalence in local tradition that enabled even representatives of the state – among them guards of a nearby Gulag camp – to take part in the festivity even though its overlap with the reemerging religious practice challenged the state's monopoly over public space. Yet, boundaries became further blurred by the fact that participation in the pilgrimage and parish feast did not follow the distinction between “progressive” Soviet officials and “backward” pilgrims but rather accepted gender divisions. The parish feast of “Svetloiar” also provided an experience of community that by then should have been the work of Soviet mass celebrations. But the efforts to implement the Soviet festival calendar had not reached the Soviet countryside. It was not until Khrushchev's antireligious campaigns of the late 1950s that a new attempt was made to introduce new Soviet feasts in order to attract the rural population and convince it of the Soviet project after years of impoverishment and exploitation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_524_0591