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Titre Old Russia in the dock : The trial against Mother Superior Mitrofaniia before the Moscow district court (1874)
Auteur Sandra Dahlke, Bill Templer
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 53, no 1, janvier-mars 2012 Pratiques du droit et de la justice en Russie (xviiie-xxe siècles)
Rubrique / Thématique
Dossier : Pratiques du droit et de la justice en Russie (xviiie-xxe siècles)
Page 95-120
Résumé L'un des procès criminels les plus spectaculaires dans l'Empire russe après les grandes réformes eut lieu en 1874 devant le tribunal de première instance du district de Moscou. Il s'agit du procès contre l'abbesse Mitrofanija, mère supérieure du couvent Serpuhovskij-Vladičnyj, à la tête de plusieurs congrégations d'œuvres charitables. Mitrofanija était née Baronne Praskov'ja Grigor'evna Rozen et elle avait été dame d'honneur de l'impératrice Aleksandra Fëdorovna avant de prendre le voile. L'abbesse, accusée d'avoir trompé et fait chanter de riches marchands, fut reconnue coupable par le jury d'assises et condamnée à plusieurs années de bannissement. Il s'agit ici de montrer que le procès fut monté pour l'exemple, sous l'action conjointe de plusieurs institutions et acteurs (la famille impériale, des juristes ambitieux, des journalistes, des bureaucrates éclairés). Ils cherchaient par là-même à établir fermement les principes de la réforme judiciaire de 1864, à disperser les doutes concernant l'efficacité de la justice rendue publiquement par les jurys d'assises nouvellement institués, à promouvoir auprès des contemporains de nouvelles formes juridiques, à supprimer les traditionnels liens informels de clientélisme, à restreindre les privilèges de l'Église et de l'aristocratie et, enfin, à renforcer la capacité de l'État autocratique à gouverner. L'article montre que derrière cette unanimité apparente, il y avait également l'articulation d'intérêts particuliers avec des idées très différentes sur la façon dont un système juridique doit fonctionner et dont la société et l'État doivent être gouvernés. Il met aussi l'accent sur la difficulté de décrire adéquatement, à l'aide des concepts de « tradition » et de « modernité », les actions et les univers mentaux des protagonistes de ce procès.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In 1874, one of the most spectacular criminal court cases in the postreform Russian Empire took place at the Moscow district court. This was the trial against the abbess Mitrofaniia, mother superior of the Serpukhovskii-Vladichnyi convent, head of several charitable sisterhoods, born Baroness Praskov'ia Grigor'evna Rozen and lady-in-waiting of Empress Aleksandra Fëdorovna before taking the veil. Accused of having deceived and blackmailed wealthy merchants, she was sentenced by the jury and finally convicted to several years of exile. The article argues that this was a show trial, staged through the joint action of different institutions and social actors (the imperial family, ambitious jurists and journalists, enlightened bureaucrats). Through the trial, they were aiming at establishing the principles of the judicial reform of 1864, dispersing doubts about the efficiency of the new public courts with trial by jury, anchoring new forms of generally binding legal norms and proceedings in the consciousness of contemporaries, suppressing traditional informal clientele ties, restricting the privileges of the church and the high nobility, and finally, at strengthening the autocratic state's capacity to rule. The article also shows that behind this unanimity, particularistic interests and very different ideas of how a legal system should function and in which way society and the state should be governed were articulated. It also points at the fragility of the concepts of tradition and modernity to adequately describe the actions and mental worlds of the persons involved in the court proceedings.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_531_0095