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Titre Henry David Thoreau et l'intraduisible du réel
Auteur François Specq
Mir@bel Revue Etudes anglaises
Numéro Volume 65, juillet-septembre 2012
Rubrique / Thématique
Articles
Page 315-330
Résumé Loin de se réduire à une contemplation amusée ou à des fantaisies verbales sur le déroulement des saisons, la dernière partie de Walden formule avec vigueur les grandes tensions caractéristiques de notre modernité, où l'aspiration à la connaissance scientifique, le désir d'exploitation économique et la recherche d'un plaisir esthétique ont atteint une intensité sans précédent. Thoreau cherche ici à saisir et à redéfinir le rapport de l'homme au monde au vu du triomphe de la modernité scientifique et économique. Il entendait ainsi engager ses lecteurs à réfléchir aux divers modes de relation de l'homme au monde matériel, afin d'inventer un nouvel équilibre, dans lequel une forme de révérence ou de respect ferait contrepoids au désir de domination. Sa mise en question de nos modes ordinaires de relation au monde invoque et étaye une conception du « sauvage » qui n'est pas strictement topographique (un monde à part) mais intellectuelle — une frontière mentale, au cœur de notre existence, conçue comme la nécessaire et fructueuse interrogation de ce que nous considérons comme proprement humain. Orchestrant son récit de manière à souligner sa mise à distance de deux modes ordinaires de « traduction » du réel (la connaissance scientifique et l'exploitation économique), Thoreau manifeste que son plaidoyer en faveur de la nature sauvage prend appui sur une préoccupation plus large pour le caractère intraduisible du réel.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Far from being mere light-hearted playfulness or idiosyncratic musing over seasonal change, the latter part of Thoreau's Walden most clearly articulates the defining tensions within Western modernity, in which desire for scientific knowledge, economic appropriation, and aesthetic enjoyment have reached an unprecedented level of intensity. Thoreau here strives to comprehend and redefine man's relation to the world in the context of the triumph of scientific and economic “modernity.” He meant to induce his readers to reflect about the terms which characterize our relation to the material world, while also tipping the scales toward a new equilibrium, one in which the human desire for dominion is kept in check by a counterbalancing sense of reverence and wonder. He posed exhaustive challenges to the standard ways we relate to the world, from a perspective that drew on and supported a definition of “the wild” that is not merely topographical (a separate sphere elsewhere), but intellectual—a mental frontier, central to our very existence, relocated as the necessary, nurturing questioning of what we assume is human and defines humanity. Orchestrating his narrative so as to emphasize his distance from two common ways of “translating” the real (scientific knowledge and economic exploitation), Thoreau thus made it clear that his environmental advocacy is grounded in a more encompassing focus on the untranslatability of the real.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ETAN_653_0315