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Titre La violence, terra incognita pour la compréhension ? : Réflexions sur les perspectives et les limites d'une « description dense »
Auteur Claudia Weber, Christian Roy
Mir@bel Revue L'Europe en formation
Numéro no 357, juillet 2010 Aborder la violence collective : Méthodes et perceptions
Rubrique / Thématique
Dossier : Aborder la violence collective : Méthodes et perceptions
Page 53-73
Résumé En 1996, le sociologue allemand Trutz von Trotha publiait un article remarquable au sujet de la recherche sur la violence, dans lequel il critiquait l'approche de la sociologie traditionnelle fondée sur les causes de la violence et qui omettait le phénomène lui-même. Afin de comprendre la manière dont la violence affecte les personnes et les relations sociales, von Trotha recommande un changement analytique de perspective, de la question du « pourquoi » les personnes deviennent violentes à l'analyse du « comment » la violence fonctionne. Il adopte la « description dense » proposée par Clifford Geertz comme méthode appropriée pour analyser la violence.L'article de von Trotha a inspiré la recherche historique qui suit consciemment une perspective micro-historique de l'action violente. Le souhait sous-jacent et le plus souvent tu concernant ces travaux, comme d'ailleurs pour presque tous les travaux dans ce domaine, est de pouvoir expliquer comment la dynamique de la violence change des personnes en tueurs de masses. Cet article affirme que, malgré l'aperçu qui peut être proposé par une « description dense », cette question reste sans réponse. Utilisant l'exemple des massacres de masse de Katyn, l'auteur critique les réalisations heuristiques ainsi que les limites de cette approche méthodologique sur la violence de masse. Katyn est un exemple hantant en raison de la planification précise et de la réalisation technique de ce massacre de masse. En juin 1940, le NKVD soviétique a exécuté environ 14 700 prisonniers de guerre polonais qui avaient été capturés par l'Armée rouge en septembre 1939. En appliquant la méthode de la « description dense » de Geertz, cet article décrit l'histoire de Katyn depuis le transport des prisonniers jusqu'à leur exécution. Il expose comment la violence fonctionne et comment se comportent les individus dans des situations de violence extrême. Cependant, malgré toute la capacité explicative de cette méthode, l'article considère que la violence demeure une terra incognita pour la compréhension.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In 1996, the German sociologist Trutz von Trotha published a remarkable article on the research on violence in which he criticises that traditional sociology on the causes of violence bypasses the phenomenon itself. In order to understand what violence does to people and their social relations, von Je calls for an analytical shift from the question of “why” people become violent to an analysis of “how” violence works. He adopts Clifford Geertz' “thick description” as an adequate method to analyse violence. Von Trotha's article has inspired historical research that consciously followed a microhistorical perspective on the violent act. The underlying and mostly unspoken promise of these works, like that of almost every work on the topic, is to explain how the dynamics of violence turn people into mass murderers. My article argues that in spite of the insight a “thick description” offers, this question remains unanswered. Using the example of the Katyn mass killing, I discuss heuristic achievements as well as limits of this methodological approach on mass violence. Katyn is a haunting example for a precisely planned and technically performed mass killing. In spring 1940, the Soviet NKVD executed some 14,700 Polish prisoners of war who had been captured by the Red Army in September 1939. Applying Geertz' “thick description”, my paper describes the history of Katyn from the transport of the prisoners to the execution. The article demonstrates how violence works and how people behave in situations of extreme violence. However, despite all the explanatory power of the method, it argues that violence remains a “terra incognita of understanding”.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=EUFOR_357_0053