Titre | De la ligne de conduite au groupe hétérodoxe : un aperçu de l'évolution sémantique du mot secta, depuis les origines jusqu'au début du Haut Moyen Âge. | |
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Auteur | Pascal Boulhol | |
Revue |
Rives méditerranéennes Titre à cette date : Rives nord-méditerranéennes |
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Numéro | no 10, 2002/1 Religion, secte et pouvoir | |
Page | 2 | |
Résumé |
Issu du verbe sequi, « suivre », le mot secta désigna longtemps chez les Latins, sans connotation défavorable, une ligne de conduite intellectuelle ou morale. Il fut souvent appliqué aux écoles de pensée, surtout philosophiques. Les chrétiens, influencés par cette acception, donnèrent au terme un sens religieux en l'utilisant, concurremment au calque haeresis, pour traduire le grec hairèsis, appliqué dès le Nouveau Testament aux groupes dissidents ou même hétérodoxes. Secta suggère la déviation et l'indiscipline malignes d'une coterie qui se place en dehors de l'Eglise catholique. Longtemps facultatif, ce glissement sémantique vers l'idée moderne de « secte » se confirme après les accords de Milan (313), et s'officialise quand le christianisme devient religion d'Etat (391-392). Il reflète la fin d'un monde : au pluralisme antique, qui voyait dans la variété des « sectes » un signe de santé intellectuelle et une condition de l'épanouissement individuel (pas de studia liberalia sans liberté de choix !), a succédé une religion exclusive imposant un dogme indiscutable (« monodoxie »). L'usage d'haeresis et de secta (plus rare) tendit dès lors à se confondre, et les emplois non dépréciatifs du second terme se confinèrent au domaine scientifique (en particulier à la médecine). Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
From a line of conduct to the heterodox group” : insight into the semantic evolution of the word `secta' from its origins to the early years of the late Middle Ages Derived from the verb sequi, “to follow”, the word secta long referred to a line of intellectual or moral conduct in Latin countries, devoid of negative connotations. It was often applied to schools of thought, particularly in philosophy. Christians, who were influenced by this acceptation, gave the term a religious overtone by using it, adjoined to the calque haeresis, to translate the Greek hairèsis, used even in the New Testament to designate dissenting or even heterodox groups. Secta suggested the malignant deviation and indiscipline of a circle placing itself outside the Catholic Church. This semantic shift towards the modern idea of a “sect” was for a long time incidental, until the agreements of Milan (313) confirmed the usage and the adoption of Christianity as a State religion (391 392) officialized it. The shift reflects the end of an old world : in the place of classical pluralism, when the variety of “sects” was seen as a sign of intellectual health and a condition of individual well-being (there was no studia liberalia without the freedom of choice!) came an exclusive religion imposing an indisputable dogma (“monodoxy”). The use of the terms haeresis and, more rarely, secta was henceforth blurred, and the use of the second term in a non-pejorative sense was limited to the domain of science (in medicine, notably). Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/rivesnm/3 |