Contenu de l'article

Titre Circulation des lettrés et cercles littéraires : Entre Asie centrale, Iran et Inde du Nord ( XVe - XVIIIe siècle)
Auteur Maria Szuppe
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 59, no 5, octobre 2004 Numéro spécial : Asie centrale
Rubrique / Thématique
Une triangulation culturelle
Page 997-1018
Résumé À la disparition de l'État timouride (1507) qui, au XVe siècle, avait englobé un vaste territoire (de l'Asie centrale jusqu'en Iran central) et favorisé l'épanouissement d'une civilisation turco-iranienne particulièrement rayonnante, trois régimes se réclament de son héritage politique et culturel : les Safavides en Iran, les dynasties ouzbèkes en Asie centrale et les Grands Moghols en Inde. Les recueils de biographies (tazkera) de lettrés contemporains permettent de définir les conditions socioculturelles de la préservation, durant les XVe - XVIIIe siècles, de contacts littéraires l'intérieur de cet espace post-timouride politiquement divisé. Accédant à des milieux sociaux plus vastes que ceux de la cour, connus par ailleurs, les tazkera témoignent de l'ampleur et de la diversité du milieu lettré. L'analyse des textes (mais aussi l'étude des notices, signatures, marques et commentaires dans les marges des manuscrits) permet d'appréhender les caractéristiques de cette culture lettrée ainsi que les facteurs de sa vivacité et de son universalité. C'est à travers les pratiques d'une érudition où l'écrit et l'oral étaient valorisés à part égale que l'activité littéraire non seulement se maintint dans toutes les couches sociales, mais aussi nécessita une circulation rapide et régulière des oeuvres. L'échange de productions orales, de manuscrits ou simplement de nouvelles pour satisfaire l'intérêt intense de ce milieu pour les nouveautés littéraires fut grandement facilité par l'usage universel du persan comme vecteur principal de cette érudition, alors que la mobilité spatiale des lettrés, voyageant couramment sur des longues distances, permit la diffusion littéraire entre Ispahan, Boukhara et Delhi. Malgré d'indéniables différences entre les États de l'Asie centrale, de l'Iran et de l'Inde du Nord, la circulation des lettrés et de leurs oeuvres sur ces itinéraires croisés traduit l'existence d'un espace culturel perçu comme commun et partageant des références identiques.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_595_0997