Titre | Cité et réciprocité : Le rôle des croyances culturelles dans l'économie romaine | |
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Auteur | Koenraad Verboven | |
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales | |
Numéro | vol. 67, no 4, septembre 2012 Les Romains et le rire - Économie antique - Histoire du crédit (XVIIIe-XXe siècle) | |
Rubrique / Thématique | Économie antique |
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Page | 913-942 | |
Résumé |
La nouvelle économie institutionnelle est devenue populaire dans la recherche de l'économie antique depuis une dizaine d'années. Pourtant la notion de « croyances culturelles », qui joue un rôle central dans l'œuvre de Douglass North et dans les analyses du changement institutionnel par Avner Greif, a été largement ignorée. J'affirme qu'une approche néo-institutionnelle qui utilise cette notion de « croyances culturelles » offre une meilleure voie pour comprendre l'influence des idéologies et des valeurs morales sur l'économie antique que le modèle de Moses Finley. Des croyances culturelles ne sont pas des contraintes déterministes sur le comportement humain, mais elles aident à orienter les prises de décision et permettent d'anticiper les (ré) actions des autres. J'étudie deux ensembles de normes et de valeurs qui, dans la culture romaine, ont profondément marqué le cadre institutionnel de l'économie. L'un était centré sur la réciprocité. Ses normes et valeurs ont permis de construire et de maintenir des réseaux sociaux au-delà du groupe de la familia étendue avec ses affranchis. Elles étaient à la base du développement de la loi des obligations et de la représentation. L'autre se fondait sur la cité. Il a formé la culture politique en créant des droits et des obligations personnelles et en imposant des demandes légitimes aux élites politiques de défendre ceux-ci et de garantir et de stimuler des intérêts privés et communs. Le droit romain et la justice étaient ses résultats les plus importants. Idéologiquement, l'Empire romain se présentait comme une méta-cité qui incorporait les communautés locales qui, à leur tour, étaient graduellement transformées sur le modèle de la cité. Ces deux ensembles de croyances culturelles ont baissé les coûts de transactions, mais ils n'ont jamais menacé la prééminence de l'aristocratie locale et impériale. Vers la fin du IIe siècle de notre ère, les cités locales se sont affaiblies tandis que l'administration impériale se renforçait. Les aristocraties locales et régionales se sont tournées vers la bureaucratie et l'armée impériales pour maintenir leur rang social, leur influence et leur pouvoir. L'idéologie de la cité comme principe dominant de la culture politique devenait soumise à celle de l'empereur sacral, garant de la justice et de l'ordre divins. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
City and Reciprocity : The Role of Cultural Beliefs in the Roman Economy New Institutional Economics have become popular in ancient economic history research the past decade. However, the notion of “cultural beliefs” that plays a central role in Douglass North's recent work and in Avner Greif's analysis of institutional change, has been largely ignored. I argue that a neo-institutional “cultural beliefs approach” offers a better way to understand the influence of ideology and moral values on the ancient economy than the Finley model does. Cultural beliefs are no deterministic constraints on human behavior but help to orient decision making and allow anticipating the (re)actions of others. I explore two key sets of norms and values in Roman culture that profoundly marked the economy's institutional framework. One centered on reciprocity. Its norms and values supported social networks beyond the confines of the familia-freedmen group and underlay the development of contract and agency law. Another set rested on citizenship. It shaped political culture by creating individual rights and obligations and laying legitimate claims on political elites to enforce these and to take action to secure and stimulate private and common interests. Roman law and the distribution of justice was its prime off-spring. Ideologically the Roman Empire presented itself as a meta-city that incorporated local communities which in turn were gradually transformed to fit the civitas model. Both belief sets lowered transaction costs, but they never threatened the preeminent position of local and imperial aristocracies. Towards the end of the second century CE local communities became weaker while the imperial administration grew stronger. This caused local and regional aristocracies to turn to the imperial court and army for status, influence and power. The ideology of citizenship as the guiding principle of political culture gave way to that of the sacred emperor who guaranteed divine justice and order. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_674_0913 |