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Titre Tournées musicales et diplomatie pendant la Guerre froide
Auteur Didier Francfort
Mir@bel Revue Relations internationales
Numéro no 156, janvier-mars 2014 Musique et relations internationales - II
Page 73-86
Résumé L'histoire drôle selon laquelle un quatuor soviétique est un orchestre symphonique revenant de tournée est emblématique de l'impact diplomatique et politique des tournées de musiciens. La périodicité et l'ampleur des tournées musicales reflètent l'alternance de phases de tension ou de détente dans les relations entre blocs. L'itinéraire de personnalités musicales de premier plan – ressortissants occidentaux profitant de leur passage dans le bloc soviétique pour soutenir des dissidents, musiciens profitant d'une tournée pour « choisir la liberté » ou apparemment exploités par la propagande soviétique – prouve une forme de capacité d'insoumission de la société. L'organisation des tournées de musiciens soviétiques à l'époque de la Guerre froide et le passage presque concomitant de virtuoses ou de chefs d'orchestre occidentaux dans le Bloc soviétique a marqué un moment tout à fait particulier des relations internationales au début des années 1960. Cette coïncidence suffirait à prouver une certaine autonomie de l'histoire culturelle par rapport à l'histoire diplomatique. C'est presque au moment de la crise des fusées et de la construction du mur de Berlin que les autorités soviétiques ont su orchestrer une vaste noria de musiciens destinée à démontrer leur volonté de paix et de rapprochement des peuples par la culture. Loin de se plier à ce dessein de propagande, les musiciens ont cherché à exploiter les espaces de liberté, même les plus réduits.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Musical tours and diplomacy during the Cold War
The amusing anecdote that a Soviet string quartet is a symphony orchestra coming back from a tour is emblematic of the diplomatic and political impact of touring musicians. The periodicity and range of musical tours during the Cold War reflects the alternating periods of tension or détente in the relations between the two blocs. The itinerary of top musicians – musicians from the West who took advantage of their presence within the Soviet bloc to support dissidents, musicians taking advantage of tours to “choose freedom”, or musicians seemingly exploited by Soviet propaganda – is proof of a form of society capable of insubordination. The organization of tours by Soviet musicians at the time of the Cold War, and the almost concomitant passage of Western virtuosos or conductors through the Soviet bloc, marked a very particular moment in international relations at the beginning of the 1960s. The coincidence is enough to prove that there was a certain autonomy in cultural history in relation to diplomatic history. Virtually at the time of the Cuban Missile Crisis and the construction of the Berlin Wall, the Soviet authorities managed to orchestrate a vast noria of musicians destined to show their desire for peace and for nations to be brought closer together through culture. Far from bowing to this image of propaganda, the musicians tried to make the most of stretches of freedom, even the smallest.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RI_156_0073