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Titre Esquisse d'une sociologie critique de la nouvelle norme d'évaluation
Auteur Michel Chauvière
Mir@bel Revue Revue française d'administration publique
Numéro no 148, 2013/4 L'évaluation des politiques publiques : état(s) de l'art et controverses
Rubrique / Thématique
Regards critiques : entre évaluation individuelle et évaluation collective, la question de la mesure
Page 953-966
Résumé Tout ou presque tout doit désormais être évalué et, en l'espèce, la France aurait du retard. Mais la néo évaluation envahissante va bien au delà de l'évaluation ordinaire. Partant de l'hypothèse d'une unité organique et problématique de cet essaimage récent, la contribution présente différentes critiques faites aux nouvelles normes d'évaluation dans la sphère publique, à tous les niveaux, de la conception à la mise en œuvre. Si l'évaluation n'est pas un bien en soi, entraînant un imaginaire quasi religieux, l'auteur soutient qu'il faut alors la considérer comme un fait social daté, étrange et complexe, parmi d'autres innovations « modernisatrices », et chercher à caractériser les pratiques qui s'y réfèrent. La néo évaluation ne transformant pas que l'art de gouverner mais aussi les cadres du travail prescrit et subordonné, ainsi que la relation subjective de chacun à son métier, il aborde ensuite les rapports sociaux triangulaires évaluateurs/évalués/usagers engendrés par la généralisation de cette obligation et la multiplication des interventions de ce type. Enfin, vu la bascule des valeurs organiques du service public à celles concurrentielles de la société de marché, il examine l'hypothèse de l'installation d'une magistrature technique extérieure aux pratiques, destructrice des métiers et entraînant des effets de sur-normativité, de harcèlement social mais aussi de servitude volontaire.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais — Outline of a Sociological Criticism Towards New Evaluation Standards — Nowadays, all – or almost all – must be subject to evaluation, and this is where France is said to be lagging behind. Yet, the pervasive neo evaluation trend is well ahead of standard evaluation processes. Based on the hypothesis derived from the organic unity and specific challenges attributed to this recent spin off, this article presents different criticisms which have been directed towards the new evaluation standards in the public sphere: at all its levels, from its conception to its implementation. If evaluation is not a good thing in its own right, triggering a zealous mindset, the author suggests that it must be considered as a dated social factor, inherently strange and complex, just one more among other innovative practices leading to “modernisation”. A description of such practices follows the premise. Neo evaluation not only transforms statesmanship but also the working framework of a top down approach, as well as the subjective relationship of “everyone to his own trade”. Next, it addresses the triangular social relations among the evaluator/the evaluated/the users, incurred by the generalisation of this obligation and the proliferation of interventions. Finally, given how the scales tip from the organic values held by the public service towards the competition embodied by market society, the author contemplates the hypothesis of establishing a technocracy that would remain outside of these practices, which are particularly destructive for commerce and result in effects such as overlegislation, social harassment and also, voluntary servitude.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFAP_148_0953