Titre | Par delà le premier ancêtre. Les généalogies truquées dans le Japon prémoderne (XVIe-XIXe siècles) | |
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Auteur | Guillaume Carré | |
Revue | Extrême-Orient, Extrême-Occident | |
Numéro | no 32, 2010 Faux et falsification en Chine, au Japon et au Viêt Nam | |
Rubrique / Thématique | II. Le faux entre demande sociale... |
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Page | 61-87 | |
Résumé |
Le souci d'identifier ses ancêtres pour construire un lignage dans lequel s'inscrit l'identité individuelle s'est progressivement répandu dans la population japonaise jusqu'à l'ère Meiji, au fur et à mesure que s'imposait à des catégories de plus en plus larges de la société le modèle familial de la famille-souche. À l'époque d'Edo, alors que les progrès de l'éducation homogénéisaient peu à peu la culture historique des élites sociales, l'établissement des généalogies familiales n'était pas un simple divertissement, ou un moyen de satisfaire des sentiments de vanité : il s'agissait toujours, d'une manière ou d'une autre, d'asseoir un statut et un rang dans une société d'ordres et de légitimer des positions. L'importance sociale, voire politique, accordée aux origines familiales, poussait naturellement à l'élaboration de généalogies falsifiées ou truffées d'assertions douteuses. Dans cet article, qui porte principalement sur la période prémoderne (XVIe-XIXe s.), nous montrons comment l'instauration d'un pouvoir guerrier fort sous les Tokugawa amena un renforcement du contrôle de l'autorité politique sur l'établissement des généalogies. Ces dispositifs visaient cependant moins la véracité historique que la stabilisation et la pérennisation de la société d'ordres, ce qui explique qu'ils n'aient jamais découragé, bien au contraire, l'élaboration de généalogies truquées. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The practice of identifying one's ancestors in order to construct a linage expanded progressively in the Japanese population until the Meiji era, as increasingly larger segments of society adopted the stem family model. During the Edo era, while the progressive homogenization of education little by little brought about a historical culture of social elites, the construction of genealogies became more than simple entertainment or a means of satisfying sentiments of vanity: it was, in one way or another, a means of reinforcing one's status and rank in a hierarchically stratified society and legitimizing one's position. The social and even political importance ascribed to family origins provided the impetus for the elaboration of genealogies that were falsified or full of dubious assertions. In the present article, which mainly focuses on the pre-modern period (16th – 19th Century), we demonstrate how the implementation of a strong warrior culture under Tokugawa rule reinforced the control of the political authority over the establishment of genealogies. However, this control was orientated less toward historical truth than toward the stabilization and perpetuation of an ordered society, which is why it never discouraged, and on the contrary encouraged, the elaboration of faked genealogies. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=EXTRO_032_0061 |