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Titre |
Représenter les salariés dans l'entreprise après la loi du 20 aout 2008. Sur les limites de la "démocratie sociale" |
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Auteur |
Sophie Beroud et Karel Yon |
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Revue |
Politiques de communication |
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Numéro |
no 2, printemps 2014 De la démocratie en entreprise: dialogue social et représentation des salariés |
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Page |
51 |
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Annexes |
Bibliographie |
| Mots-clés (matière) | démocratie élection réforme syndicalisme |
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Résumé |
La réforme de la représentativité syndicale fait désormais dépendre la reconnaissance syndicale des élections professionnelles. A-t-elle contribué à « rénover la démocratie sociale », comme l'annonçait la loi du 20 août 2008 dans son intitulé ? Qu'est-ce qui a changé depuis 2008 ? En nous appuyant sur une enquête de terrain menée durant trois ans, et plus spécifiquement sur deux monographies d'entreprises, nous décrivons la mise en œuvre des nouvelles règles de représentativité en soulignant leurs usages pluriels. La portée sociale des normes juridiques dépend en effet de leur appropriation par les équipes syndicales, mais aussi par les directions d'entreprises et les agents de l'État qui, au fil de leurs interactions, donnent progressivement réalité au nouveau régime de représentativité. Au-delà de sa fonction documentaire, l'article entend aussi remplir une fonction critique : en mobilisant le cadre théorique de la sociologie politique du vote et de la représentation, il invite le lecteur à prendre du recul sur l'équivalence souvent spontanément posée entre « vote » et « démocratie ». Nous montrons que le vote est moins un vecteur de démocratisation de l'entreprise ou du syndicalisme qu'un instrument disputé de légitimation des stratégies tant syndicales que patronales. Autrement dit, loin d'être une procédure neutre servant à l'expression d'intérêts ou d'opinions préconstitués, le déroulement même de l'élection joue un rôle central dans la définition des intérêts et des opinions légitimes. |
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Résumé anglais |
The reform of union representativeness linked union recognition to workplace elections. Did it renew industrial democracy, as the law passed in August 20, 2008 predicted? What has changed since 2008? Relying on a 3-year field study, and more specifically on two monographs of firms, we describe the implementation of the new rules of union representativeness by underlining the fact that they are subject to various uses. The social relevance of legal norms depends on their mobilisation by union representatives, managers and state agents. Interactions between those three groups of actors progressively shape the reality of the new regime of representativeness. Beyond a primary function of documenting the reform, the article also aims at fulfilling a critical function. Thanks to the theoretical framework of the political sociology of vote and representation, we suggest considering with hindsight the equivalence that is commonly drawn between “vote” and “democracy.” We show that voting is less a means of strengthening democracy within unions or firms than a contested tool for legitimising union, as well as management strategies. In other terms, far from being a neutral procedure for expressing pre-existing interests or opinions, the very process of electing representatives play a central part in defining which interests and opinions can be legitimately expressed. |
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Article en ligne |
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=PDC_002_0051 |