Contenu de l'article

Titre La belle vie désespérée des agriculteurs : Ou les limites de la mesure des risques psychosociaux liés au travail
Auteur Sylvie Célérier
Mir@bel Revue Etudes rurales
Numéro no 193, 2014 Souffrances paysannes
Page 25-44
Résumé Depuis la vague des suicides survenus chez France Télécom en 2008 et 2009, la question de l'impact délétère du travail sur la santé mentale fait l'objet de vifs débats. Curieusement, les agriculteurs y sont peu évoqués bien qu'ils détiennent un triste record en matière de suicides significativement liés à leur profession. L'auteure explore ce paradoxe en interrogeant la catégorie des risques psychosociaux (RPS) qui prévaut aujourd'hui pour évaluer les atteintes mentales du travail. Cette mesure récuse tout caractère anxiogène lié à l'activité agricole, renvoyant le suicide des agriculteurs à des causes extra-professionnelles. L'article met au jour les postulats implicites de cette approche quantitative peu adaptée au travail agricole, dont elle ne retient – sans le dire – que ce qui l'écarte du travail de type industriel, voire taylorien. La prise en compte des agriculteurs éclaire donc utilement le lien entre « travail » et « santé mentale » que les débats en cours tendent à généraliser. À ce titre au moins, ce groupe professionnel y retrouve donc toute sa place.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The effect of work on mental health has been a matter of much debate since the wave of suicides at France Télécom in 2008 and 2009. Surprisingly, however, the case of farming is rarely discussed despite the prevalence of work-related suicide among farmers. The purpose of this paper is to explore this paradox by examining psychosocial risks (PSR), the prevailing category in current attempts to assess work-related mental ill health. As a measurement concept, PSR rejects any notion of agricultural activity as anxiety-provoking, explaining suicide among farmers by reference to non-work-related causes. The paper examines the implicit assumptions of a quantitative approach ill adapted to agricultural work, arguing that the approach implicitly defines farming in terms of what distinguishes it from industrial (or even Taylorian) work. The paper shows that focusing on farmers provides an insight into the link between “work” and “mental health” – a link overly generalized in current discussions. At least in this respect, the farming profession is thus returned to its rightful place in current debates.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ETRU_193_0025