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Titre Le Parc National du Niokolo-Koba : un exemple de rupture entre le milieu et la société mandingue (Sénégal Oriental) ?
Auteur Sébastien Larrue
Mir@bel Revue Les Cahiers d'Outre-Mer
Numéro no 218, avril-juin 2002 La gestion forestière dans les régions intertropicales
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Résumé L'établissement du Parc National du Niokolo-Koba débute en 1926 et se poursuit après l'Indépendance du Sénégal. En 1969, des villageois sont expulsés des terres qu'ils occupaient depuis le début du XXe siècle et relogés à la périphérie du périmètre. Cet acte s'inscrit dans la logique d'une « protection dure » de la biodiversité et d'un refus de reconnaître la société malinké capable de gérer le milieu sans le dégrader. Cela revient à oublier que cette région du Sénégal Oriental est peuplée depuis le Paléolithique Inférieur. De nombreuses sociétés s'y sont ultérieurement implantées et utilisent toujours un milieu dont elles entretiennent les capacités de reproduction. Si l'agriculture et les premiers villages sont apparus il y a 2500 ans BP, le feu a été utilisé antérieurement pour chasser ou déboiser. Nous sommes en présence d'une nature qui, au fil du temps, a été « domestiquée ».Au XIIIe siècle, la société mandingue issue d'un monde de cultivateurs venus de l'Empire du Mali s'implante dans le Diambour. Les liens qu'elle tisse avec le milieu se traduisent par une coévolution complexe dont les formations végétales sont à la fois interface et signature. Les « savanes » ou les « forêts sèches » sont le reflet de la recolonisation des ligneux sur des espaces post-culturaux dont le temps de « jachère » conditionne la diversité et la physionomie. Les blocages fonciers occasionnés par le Parc National et les restrictions d'usage imposées par la forêt classée du Diambour provoquent par endroit une pénurie de terres arables et conduisent la société malinké à une modification des temps de jachère et à une disparition des friches. Les contraintes physiques imposées par les frontières des aires protégées s'accompagnent d'une transformation des mentalités qui amène la société à considérer le milieu différemment. Cet ensemble de faits se manifeste par une régression de la mosaïque forestière au profit d'une banalisation des paysages caractérisée par la perte des divers types de formations végétales soudaniennes.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COM_218_0002