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Titre Contre un retour aux barrières : quelle place pour la gestion communautaire dans les nouvelles aires protégées malgaches ?
Auteur Alain Bertrand, Georges Serpantie, Guybertho Randrianarivelo, Pierre Montagne, Aurélie Toillier, Philippe Karpe, Daniel Andriambolanoro, Morgane Derycke
Mir@bel Revue Les Cahiers d'Outre-Mer
Numéro no 257, janvier-mars 2012 Enjeux et moyens d'une foresterie paysanne contractualisée
Page 85-123
Résumé Préservation et valorisation durable des forêts sont perçues par l'administration forestière, comme des objectifs antagonistes, donc à appliquer à des massifs distincts. L'impossibilité de les concilier sur un même massif n'a été démontrée nulle part et les populations riveraines ou forestières ne trouvent, le plus souvent, leur place ni dans le premier, ni dans le second. L'exploitation des forêts par concession à des opérateurs reste artisanale et est réalisée sans aménagements forestiers. En 1996 et 1997, les textes rénovant la législation malgache autorisant une gestion locale communautaire des ressources renouvelables et particulièrement forestières ouvrirent une alternative contradictoire avec l'option d'exclusion de l'homme des espaces naturels telle qu'elle était arrêtée depuis les années 1930. Pour les ONG de conservation, les « pressions anthropiques » sont la principale cause de dégradation environnementale. Ces deux options concurrentes coexistent depuis quinze ans : la préservation est portée au niveau de l'État alors que la gestion communautaire, transférée contractuellement, répond souvent à une demande de la société rurale locale. La politique « vision - Durban » de 2003 débouchant sur la création de nouvelles aires protégées (NAP) sembla marquer la victoire de la préservation et sonner le glas de la gestion locale des ressources. Mais la réalité est plus complexe. Le processus de création de NAP dans deux sites comparables, les « corridors forestiers » de Fandriana – Vondrozo et d'Ankeniheny – Zahamena, semble déjà et pourrait accorder une place importante à la gestion communautaire. La question « préservation et/ou gestion communautaire et valorisation forestière durable ? » rebondit. Les expériences des transferts de gestion depuis 2000 dans ces massifs forestiers apportent d'utiles jalons pour choisir des combinaisons entre préservation et valorisation durable d'une part, et entre gestion communautaire et gestion administrative en régie des exploitations forestières par des opérateurs, d'autre part. La comparaison de ces deux corridors, d'écologie et de sociologie similaires, mais gérés différemment par ailleurs, fournit les matériaux de ce bilan. La forte demande sociale rurale conduit, y compris pour les ONG de préservation, à passer par le transfert de gestion aux communautés locales. Sans valorisation, ceux-ci ne fonctionnent que le temps des interventions de leur mise en place. Les contrats visant la valorisation forestière durable demandent plus de temps mais surtout nécessitent un appui plus long et continu lié à l'instauration de plans d'aménagement, à la prise en compte de trames foncières, au montage d'accords inter-lignagers pour les zones de foncier flou ou litigieux. La gestion communautaire n'est pas une fin en soi, l'objectif étant de concilier conservation de la biodiversité forestière et développement des populations résidentes ou riveraines que préservation et exclusion ne peuvent assurer durablement. Les transferts de gestion « durables » débouchent sur de nouvelles questions posées à l'administration forestière dans le contexte de la décentralisation : contrôle et fiscalité des produits forestiers, prise en compte des savoirs et des formes d'appropriation sociale de l'espace forestier, mais aussi suivi environnemental accordant autant d'intérêt aux zones exploitées qu'aux zones de préservation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais What is the place of local forest community management and management contract with local populations in new protected areas. Forest Conservation and Valorization appear as contradictory objectives to the Malagasian Forest Administration. So they must be applied separately on different forest clumps. But it was anywhere proved the impossibility to reconcile these two objectives on the same forest. Secondly in Madagascar, local population generally don't finds any place neither in forest conservation nor in valorization by forest companies. Timber logging in forest concessions by foresters still remain artisanal in Madagascar and without any forest management plan prepared by the forest administration. The malagasian forest legislation was removed in 1996 and 1997 by the law 96-025 who authorized the natural renewable resources management by local communities. This opened a new alternative to forest management based on local population exclusion and repression that has been installed by Forest Administration since 1930. Nevertheless international conservation NGO think that human are the main cause of environmental degradations. Those two alternative forest policies concurrent at different levels of malagasian forest administration :At the State level, conservation and exclusion of local populations are the foundation of environmental policy ;Local forest community management with management contract is claimed by local populations.“Durban vision”, the new environmental policy opened in 2003 by the International Protected Areas Congress and initiating the creation of a lot of new protected areas (NPA) in Madagascar seemed conclude the victory of conservation and exclusion against forest local community management and valorization. But reality is more complex ! The process of new protected areas creation in two comparable regions : the forest corridors of Fandriana – Vondrozo and Ankeniheny – Zahamena shows a large utilization of local forest management transfer procedures to local communities. So the contradiction between conservation – exclusion and local contractual community management with economic valuation is revived. The authors analyze two situations and draw the comparison between the two corridors with ecological and sociological similarity but with management differences. Through many examples involved since 2000, the different combinations of conservation, exclusion, community management and economic valorization are analyzed. The NGO were obliged by a strong social demand to use so frequently the contractual management transfer. All the transfer without any economic valorization of forest products by local communities are not sustainable beyond the effective intervention of NGO. The transfers with economic valorization are more complex to install and demand a longer assistance to local communities (for forest management plans and taking account of land tenure realities) but they appear sustainable. Local community management is not a target but a mean to reconcile sustainable biodiversity conservation and local community development by highlighting of forest products that exclusion and repression cannot obtain. Sustainable forest management transfers to local communities ask new questions to the malagasian forest administration : what forest tax system ? What forest products check system ? How to take account of local environmental knowledge and of social forest land tenure systems ? How to imagine an environmental monitoring system adapted not only to protected areas but also to exploited and highlighted forest areas ?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COM_257_0085