Titre | « Les putes sont des hommes comme les autres. » | |
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Auteur | Elsa Dorlin | |
Revue | Raisons Politiques | |
Numéro | no 11, septembre 2003 Le corps du libéralisme - 1 | |
Rubrique / Thématique | Actualité - La prostitution |
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Page | 117-132 | |
Résumé |
Selon Gail Pheterson, le « stigmate de putain », comme les législations anti-prostitution, sont des instruments de contrôle sexiste touchant toute femme, prostituée ou non, qui transgresse les « codes discriminatoires du genre ». Toutefois, si le contrôle se déploie sans distinction, que l'on soit femme ou femme prostituée, le concept de « stigmate » ne rend pas suffisamment compte de la spécificité du processus historique de domination qui s'exerce sur les prostituées, considérées comme une véritable classe à part au coeur du groupe des femmes. Ainsi, la généalogie de la figure de la prostituée montre comment, au moins depuis l'âge classique, la médecine a défini, et même construit, un corps singulier, un organisme stérile, physiologiquement spécifique à la prostituée, lui octroyant tous les traits et les caractéristiques de la virilité. Si les putes sont des hommes comme les autres, la prostitution peut ainsi être pensée comme un espace d'homosocialité, bien distinct de celui de la conjugalité et de la filiation. Dans ces conditions, produit d'une véritable mutation de genre, jouant sur et avec les identités sexuées, cette liberté toute virile de la prostituée, loin de transgresser les lois du genre, serait plutôt le pur produit d'un rapport de pouvoir. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_011_0117 |