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Titre S'apprécier, ou les aspirations du capital humain
Auteur Michel Feher
Mir@bel Revue Raisons Politiques
Numéro no 28, décembre 2007 Néolibéralisme et responsabilité
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 11-31
Résumé Le capital humain est au néolibéralisme ce que le travailleur libre selon Marx était au capitalisme libéral, à savoir le sujet tout à la fois présupposé et ciblé par les institutions préposées à son gouvernement. Telle est l'hypothèse que l'on tente ici de soutenir et qui fait du capital humain le nom propre de la condition néolibérale.Le travailleur libre est un être clivé : entre sa subjectivité inaliénable et sa force de travail faite pour être louée, entre les aspirations constitutives de sa vie spirituelle et les intérêts présidant à sa vie matérielle, entre la sphère de la reproduction de la force de travail et celle de la production des marchandises. En revanche, le capital humain ne suppose aucunement la division des sphères de la production et de la reproduction : il est le stock des compétences ­ innées et acquises ­ immanentes au sujet qui s'en prévaut. à ce titre, son utilisation va produire des flux de revenus ­ monétaires ou non ­ tandis que sa valorisation va dépendre de tout ce que le sujet accomplit et de tout ce qui lui arrive ­ dans n'importe quel registre existentiel. Mon capital humain c'est donc moi, en tant que stock de compétences ou portefeuille de conduites cherchant à s'apprécier. à partir de cette définition, on s'interrogera sur la manière dont une politique de gauche peut investir cette subjectivité néolibérale, tout comme le mouvement ouvrier avait naguère appris à utiliser la condition de travailleur libre.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_028_0011