Titre | La preuve par les victimes. Bilans de guerre en Bosnie-Herzégovine | |
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Auteur | Isabelle Delpla | |
Revue | Le Mouvement social | |
Numéro | no 222, janvier-mars 2008 Enquêter sur la guerre | |
Page | 153-183 | |
Résumé |
La guerre en Bosnie a été présentée comme le paradigme des « nouvelles guerres » prenant pour cible les populations civiles. Les bilans de victimes deviennent dès lors cruciaux dans l'interprétation de la guerre. Cet article analyse comment les victimes (civiles) deviennent objets de bilans de guerre et moyens de preuves dans un dispositif d'enquêtes et de procès. Il présente d'abord les difficultés générales dans l'établissement de ces bilans : 1) proximité des événements ; 2) multiplicité des institutions nationales et internationales y contribuant et multiplicité de catégorisation des victimes ; 3) dimension internationale du conflit avec présence de forces de l'ONU ; 4) imbrication entre bilans de guerre et d'après-guerre ; 5) et entre bilans de l'après-guerre et de l'avant-guerre (du communisme). Il propose ensuite une comparaison précise du travail du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), pour les crimes commis à Prijedor en 1992 et à Srebrenica en 1995, objets de nombreuses enquêtes et rapports. Cette comparaison manifeste la différence entre modèle des ONG, modèle historien et modèle judiciaire de l'enquête. Elle manifeste aussi des différences significatives dans la contribution des bilans de victimes et des témoignages des victimes (vivantes ou mortes) à l'établissement de la vérité judiciaire. Elle remet en cause les interprétations en termes de « nouvelles guerres » ainsi qu'une interprétation « traditionnelle » de la justice pénale internationale héritée de Nuremberg. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The war in Bosnia has been presented as a paradigm of a “new” type of war that targets civilian populations. Accordingly, victim tolls have become crucial to interpretations of the war. This article analyses how (civilian) victims have become both an object of such assessments and a means for establishing proof in investigations and trials. It opens with a presentation of the basic difficulties faced in making these estimates : (1) the nearness of the events ; (2) the multiplicity of national and international institutions contributing to them, as well as the multiplicity of victim categorizations ; (3) the international dimension of the conflict, marked by the presence of UN forces ; (4) the interwoven character of war-time and post-war appraisals ; and (5) the overlapping of post-war and pre-war (communist period) appraisals. The focus is then narrowed to a precise comparison of the work of the International Criminal Tribunal for the former Yugoslavia (ICTY) concerning the crimes committed in Prijedor in 1992 and those committed in Srebrenica in 1995, which have been the object of numerous investigations and reports. This comparison shows the distinctions among NGO-generated, historical and judiciary models of investigation. It also points to significant differences in how the various assessments and testimonies of victims (both alive and dead) contribute to establishing judicial truth. Through this comparison, the article challenges interpretations framed in terms of “new wars”, as well as a “traditional” interpretation of international criminal justice as inherited from Nuremberg. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LMS_222_0153 |