Titre | « A xikomo xa lomu, iku tira ». : Citadines africaines à Lourenço Marques (Mozambique), 1945-1975 | |
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Auteur | Jeanne-Marie Penvenne | |
Revue | Le Mouvement social | |
Numéro | no 204, juillet-septembre 2003 Les sociétés dans l'espace urbain en Afrique | |
Page | 81-92 | |
Résumé |
En sciences sociales, les modèles de l'urbanisation et des migrations de travail pour
l'Afrique australe coloniale partent de l'idée que les hommes ainsi que la politique coloniale
tout autant que les normes sociales locales décourageaient vivement les femmes de migrer et
de vivre dans les « villes de l'homme blanc ». Cependant le nombre de femmes mozambicaines
légalement enregistrées dans et aux environs de Lourenço Marques (l'actuelle Maputo) augmenta rapidement dans les dernières décennies de la période coloniale (1945-1975). Les
femmes qui voyaient leur accès aux formes habituelles de la production et des ressources
compromis à la campagne étaient de plus en plus conscientes des possibilités que leur donnait
l'industrie en croissance de la noix de cajou, localisée à Lourenço Marques. Comme ouvrières,
elles pouvaient subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Des femmes qui ne pouvaient pas produire dans les champs avec leur houe pouvaient ainsi faire face à leurs besoins
par le travail en usine. Elles disaient : « a xikomo xa lomu, iku tira ? la houe en ville, c'est un
emploi ».
Cet article confirme l'existence de l'hostilité et des stéréotypes auxquels étaient
confrontées les femmes à la recherche d'un emploi en ville. Il se concentre toutefois sur la
façon dont les femmes mozambicaines comprenaient ou donnaient un sens à leurs expériences
de la migration et de la vie en ville. Contrastant avec les discours coloniaux et masculins qui
véhiculaient une image de la femme urbaine débauchée, qui n'est pas à sa place en ville,
invisible, ceux des femmes reconnaissent leur caractère incongru tout en adaptant leur langage
et leurs anciens idéaux de la vie rurale à leur nouvelle situation urbaine. Les femmes devenaient
fières de leurs innovations et de leur capacité de vivre avec la « houe de la ville ». Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LMS_204_0081 |