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Titre La férule et le galon. : Réflexions sur l'autorité du premier degré en France des années 1830 à la guerre de 1914-1918
Auteur Jean-François Chanet
Mir@bel Revue Le Mouvement social
Numéro no 224, juillet-septembre 2008 Faire autorité dans la France du XIXe siècle
Page 105-122
Résumé La comparaison de l'instituteur et du sous-officier, tous deux détenteurs de ce que l'article propose d'appeler une « autorité du premier degré », dans la France du XIXe siècle, vise à éclairer quelques traits du double consentement à la règle démocratique et à la discipline patriotique. Avant 1880, la position subalterne de l'un et de l'autre se traduit par des conditions d'existence peu attractives, une image peu flatteuse et un recours fréquent à la brutalité dans les relations quotidiennes avec les élèves comme avec les recrues. L'examen de conscience qui suit la défaite de 1870-1871 et la Commune fait exprimer des attentes contradictoires. On veut que l'armée devienne une école pour la nation mais on souhaite que les maîtres d'école soient autre chose que des sous-officiers instructeurs. Ils doivent veiller à l'éducation morale et civique des enfants du peuple sans oublier que, pour la plupart, ceux-ci seront un jour soldats. Si l'obligation scolaire permet d'achever un processus d'alphabétisation auquel l'armée a pris part et qu'elle continue à contrôler dès le conseil de révision, l'appel d'une part grandissante de la jeunesse masculine pour un service d'une durée raccourcie ajoute aux fonctions de relais des sous-officiers, chargés aussi bien de la première initiation technique des recrues que d'un « rôle social » complémentaire de celui des officiers. La Grande Guerre montre la solidité de cette pédagogie nationale et en même temps l'affaiblit. Les instituteurs contesteront plus nombreux après 1918 qu'avant 1914 cette fonction idéologique et sociale de l'autorité, trait d'union entre l'école et la caserne à l'usage des classes pauvres.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais A productive comparison can be made between nineteenth-century French schoolmasters and warrant officers. Both were entrusted with what this article describes as “first-degree authority”. Such a comparison illuminates in both groups a twin obedience to democratic rule and patriotic discipline. Before 1880, their common subaltern position found expression in their low standard of living, their unflattering public image, and their frequent recourse to brutality in daily relations with students/recruits. In the wake of the French defeat and the Paris Commune in 1870-1871, the nation underwent an examination of conscience which triggered contradictory expectations. On the one hand, the army was expected to become a school for the nation, but on the other hand, schoolmasters had to distinguish themselves from warrant officer instructors. It was their duty to inculcate proper moral and civic values in children of modest backgrounds, keeping in mind that the majority of them would one day be drafted into the army. Compulsory school attendance finally succeeded in confronting the problem of literacy. As military service shortened, the role of warrant officers changed. Their first duty was to act as intermediaries with those in charge of the recruits' first technical training sessions; at the same time, they took up a “social role” which complemented that of the officers. The First World War both demonstrated and undermined the power of this national pedagogical approach. After 1918, schoolmasters increasingly contested the ideological and social functions of authority which they had embraced, and which had linked them to army training for working-class children.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LMS_224_0105