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Titre La science sans expertise : réponse à Fages et Saint-Martin
Auteur Steve Fuller
Mir@bel Revue Socio
Numéro n° 3, septembre 2014 Chercheurs à la barre
Rubrique / Thématique
Le dossier
Page 165
Résumé Ma réponse à l'article de Fages et Saint-Martin remet en question leur prémisse selon laquelle ma défense publique de l'Intelligent Design (ID), que ce soit au cours du procès qui a fait date aux États-Unis, en 2005, ou dans mes écrits ultérieurs, a été une catastrophe. J'admets que mes collègues des Science and Technology Studies (STS) ont dans l'ensemble condamné mes choix et mes actions. Toutefois, leur réaction n'est en rien surprenante, dans la mesure où les STS ont renoncé à leurs ambitions épistémologiques les plus courageuses depuis qu'elles ont perdu les « science wars » des années 1990. De plus, le soutien que j'apporte à l'ID n'est en rien arbitraire : il découle directement d'une thèse que j'ai soutenue bien avant de lui apporter mon soutien, à savoir que l'establishment scientifique est suffisamment autoritaire pour rendre nécessaire un programme de discrimination positive qui permettrait de mettre en discussion des positions alternatives suffisamment développées. Le ferme enracinement de l'ID dans l'histoire des sciences fait l'affaire, surtout si l'on considère que les thèses de l'ID concernent les explications ultimes plutôt que l'explication de faits particuliers. De plus, le fait que l'ID soit un mouvement financé de manière « privée » ne devrait pas être particulièrement perturbant, si l'on considère que la Fondation Rockefeller a réussi à elle seule à réorienter l'ensemble de la recherche scientifique au xxe siècle. La seule chose qui, en fin de compte, peut sembler surprenante à ceux qui ne sont pas familiers de la théologie qui sert de soubassement à la théorie de l'ID, c'est peut-être les similarités qu'elle entretient avec les prétentions quasi divines du transhumanisme contemporain.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais My response to Fages and Saint-Martin contests their premise that my public defence of Intelligent Design (ID), both in a landmark 2005 US court case and in subsequent writings, has been a disaster. I admit that my Science and Technology Studies (STS) colleagues have largely condemned my actions. However, this response is not surprising, since STS has been in retreat from its boldest epistemological claims since having lost the Science Wars of the 1990s. In addition, my support of ID is not arbitrary, but draws on my prior arguments that the scientific establishment is sufficiently authoritarian to require an ‘affirmative action' programme to give voice to reasonably well-developed alternative positions. ID's firm roots in the history of science fits the bill, especially if ID's claims are understood to be about ultimate explanations rather than accounts for particular facts. Moreover, the fact that ID is a ‘privately' funded movement should come as no surprise, given the precedent set by the Rockefeller Foundation for re-orienting scientific inquiry in the 20th century. What may be surprising to those unfamiliar with ID's background theology is its similarity to the god-like aspirations of contemporary transhumanism.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://socio.revues.org/757