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Titre François Péron et la question de la civilisation aux antipodes
Auteur Jean-Luc Chappey
Mir@bel Revue Annales historiques de la Révolution française
Numéro no 375, janvier-mars 2014 Les Indes Orientales au carrefour des Empires
Rubrique / Thématique
Articles
Page 139-159
Résumé Membre de l'expédition maritime du capitaine Nicolas Baudin vers les terres australes (1800-1804), François Péron (1775-1810) rédige entre 1804 et 1809 une série de rapports, récits et descriptions sur les diverses populations, sauvages et européennes, qu'il a pu observer durant son voyage. Ces différentes productions ont, depuis longtemps, suscité l'intérêt des historiens, particulièrement des historiens de l'anthropologie. Considérées dans la perspective des instructions de voyage rédigées par les membres de la Société des Observateurs de l'homme, les observations de François Péron marqueraient une rupture, symbolisée par l'usage du dynamomètre et de la promotion de la mesure de la force musculaire, dans la vision des populations sauvages dont la faiblesse physique « naturelle » rendrait impossible l'accès au processus de progrès et de perfectibilité. Ses observations anthropologiques constitueraient ainsi la fin de la vision du « bon sauvage » portée par l'héritage des Lumières. Dans cette perspective, Péron apparaît encore comme le représentant, et l'acteur, d'une rupture dans la conception d'une humanité commune, les populations sauvages étant réduites à un statut d'irréductible étrangeté. Or l'anthropologie de Péron s'inscrit dans le mouvement général de remise en ordre politique et sociale qui caractérise l'Empire, les modalités particulières de la description des populations australes participant à la mise l'écart des idéaux politiques de la Révolution française et plus précisément encore, du projet républicain de la République directoriale.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais A member of the maritime expedition of Captain Nicolas Baudin to the southern lands (1800-1804), François Péron (1775-1810), from 1804 to 1809, wrote a series of reports, accounts, and descriptions of the diverse populations, ?« ? savage ? »? and European, that he observed during his voyage. These different productions have, for some time, aroused the interest of historians, particularly historians of anthropology. Considered part of the different instructions on voyages written by members of the Société des Observateurs de l'homme, François Péron observations would mark a rupture, symbolized by the use of the dynamometer and the advancement of the measurement of muscular force, in the vision of ?« ? savage  ?»? populations whose ?« ? natural  ?»? physical weakness excluded them from the possibilities of progress and perfectibility. His anthropological observations thus constitute the end of the vision of the ?« ? good savage  ?»? transmitted by the heritage of the Enlightenment. ?In this respect, Péron appeared as a representative, and participant, of a rupture in the conception of a common humanity, the ? ?« ? ?savage ? ?» ? ?populations being reduced to the status of an simple curiosity. ? The anthropology of Péron belongs to a general movement of the restoration of order that characterized the Empire, the particular manner of describing southern populations, participating in the abandonment of the political ideals of the French Revolution, and more precisely, of the republican project of the Directorial Republic.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AHRF_375_0139